Archives par mot-clé : Afrique

ANTHOLOGIE – 2001, Fatou DIOME, La préférence nationale. « Capter l’odeur française. »

« Capter l’odeur française. »

 « […] Monsieur Passe-Toi a fixé la règle sans avoir l’air d’y toucher : si vous êtes marié à un ou à une Française, nous dit-il, il vous faudra deux années de baise pour capter l’odeur française, la nationalité. Pour les femmes africaines mariées à des Français, les chances de naturalisation augmentent proportionnellement à l’élasticité de leur utérus, où poussent des fœtus français qui ignorent la préférence nationale. Mais monsieur Passe-Toi n’est pas aussi bête qu’on pourrait le croire. En repoussant la date d’acquisition de la nationalité à deux après le mariage, il compte sur le caractère volage de ses compatriotes et le racisme de la belle-famille pour briser les couples mixtes avant la date fatidique. L’étrangère, ex-épouse d’un Français devient juste un ex-objet exotique. Et comme tout objet, elle n’a aucun droit, même pas celui de gagner correctement sa vie. Alors, seule, elle essaie de survivre. […] »

 DIOME (Fatou), La Préférence nationale. , 2001, Paris, aux éditions Présence Africaine, recueil de nouvelles, Incipit de la nouvelle « La Préférence nationale. ».

ISBN 978-2-7087-0722-1

ANTHOLOGIE – 2009 – Tahar BEN JELLOUN « Au pays. »

« Un ouvrier modèle. »

« […] A l’usine, il avait ses habitudes. Il arrivait tous les jours à l’heure. Jamais de retard ni d’absence. Même malade, sauf vaincu par la grippe, il tenait à être là, à travailler. Il apportait son repas, mangeait vite, s’asseyait sur un banc et fermait les yeux. Ses camarades se moquaient de lui. Continuer la lecture de ANTHOLOGIE – 2009 – Tahar BEN JELLOUN « Au pays. »

ANTHOLOGIE – Maïssa BEY, Sous le jasmin la nuit., « Seul surgit le regard d’un autre. »

« Seul surgit le regard d’un autre. »

 « […] Elle a eu quinze ans… mais a-t-elle jamais été enfant ? De l’enfance a-t-elle eu la fraîcheur, la candeur, la spontanéité ? A-t-elle jamais connu les déraisons de l’adolescence, les espoirs secrets, les émois, les délicates rougeurs, les élans ?  Continuer la lecture de ANTHOLOGIE – Maïssa BEY, Sous le jasmin la nuit., « Seul surgit le regard d’un autre. »

ANTHOLOGIE – 2008 – In Koli Jean BOFANE, Mathématiques congolaises, « La Faim »

« La Faim. »

 « […] Mais tout cela n’était que littérature. Entre-temps, la Faim, au milieu de la population, gagnait du terrain, faisait des ravages considérables. Elle progressait en rampant, impitoyable comme un python à deux têtes. Elle se lovait dans les ventres, pareille à un reptile particulièrement hargneux creusant le vide autour total autour de sa personne. Ses victimes avaient appris à subir sa loi.  Continuer la lecture de ANTHOLOGIE – 2008 – In Koli Jean BOFANE, Mathématiques congolaises, « La Faim »

ANTHOLOGIE – 1998 – Emmanuel DONGALA – Les petits garçons naissent aussi des étoiles, « Et j’ai cru revivre les derniers moments de la vie de Lumumba. »

« Et j’ai cru revivre les derniers moments de la vie de Lumumba. »

 « […] Quand j’eus totalement repris mes esprits, j’ai vu que je me trouvais sur une petite butte ; je dominais ainsi le champ de bataille comme un général en campagne. Ce que je voyais n’était pas beau : des coups de feu ; des coups de crosse qui s’abattaient sur les hommes, les femmes, les enfants ; les hommes, les femmes, les enfants qui essayaient de fuir. J’étais révolté.  Continuer la lecture de ANTHOLOGIE – 1998 – Emmanuel DONGALA – Les petits garçons naissent aussi des étoiles, « Et j’ai cru revivre les derniers moments de la vie de Lumumba. »