2de – HISTOIRE – (8) La christianisation de l’Europe du XIe au XIIIe siècle.

2de – HISTOIRE – (8) La christianisation de l’Europe du XIe au XIIIe siècle.

Si les croisades en Terre sainte et la création des États latins d’Orient sont des manifestations spectaculaires du regain de la foi chrétienne entre le XIe et le XIIIe siècle, l’Europe est le théâtre d’une vitalité spirituelle nouvelle, marquée aussi par des processus violent d’exclusion. 

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Entre le XIe siècle et le XIIIe siècle, l’Église accentue son emprise sur son territoire et les chrétiens, au risque de se heurter au pouvoir laïc, en particulier celui des empereurs. L’Église encadre la vie des Européens de la naissance (baptême) à la mort (Extrême onction, enterrement dans la terre sacrée des cimetières), le mariage devient un sacrement, il est protégé par l’autorité de l’Église. La vie des chrétiens se déroule essentiellement au sein de la paroisse, administrée par un prêtre. L’église, le monastère, l’abbaye (Comme celles de Fontenay en Bourgogne fondée en 1118 par Bernard de Clairvaux, un moine cistercien, de Cîteaux ou de Cluny) marquent dans le paysage et la vie quotidienne la présence de l’Église comme institution. Les grands abbés, les évêques et les archevêques sont des princes de l’Église, seigneurs et propriétaires de terres et de titres : ils sont insérés dans l’ordre féodal au même titre que les comtes et les ducs. Les institutions religieuses sont aussi des acteurs économiques : production de vin, de céréales, de livres, de bois, assainissement des marais sont l’œuvre des grands monastères. De grands papes renforcent l’autorité de l’Église : Grégoire VII (1073-1085) réforme et moralise l’Église (Réforme grégorienne), Innocent III prône la primauté du pouvoir spirituel. Les empereurs allemands entrent en conflit avec la papauté et des « antipapes » sont élus, fracturant l’Église.

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L’expansion territoriale et le raffermissement doctrinal de la Chrétienté se manifestent par des croisades extérieures mais aussi intérieures et par un arsenal de lutte contre les hérésies qui profite autant aux institutions ecclésiastiques que politiques. Les croisades (Urbain II prêche la première, 1095) portent les chevaliers chrétiens en Palestine, en Syrie et en Grèce (États latins d’Orient). Dans la péninsule ibérique, les ordres religieux (Ordre de Calatrava) et les rois repoussent les Arabes et les Maures dans le Sud : la bataille de Las Navas de Tolosa (1212) marque le déclin de la puissance militaire d’Al-Andalus. La papauté renforce son contrôle doctrinal : l’Inquisition (1233, ordre mendiant des Dominicains) mène la lutte contre les supposées hérésies. La lutte contre celles du Sud de la France (Cathares, Vaudois) permet aux comtes de Toulouse de se débarrasser de vassaux turbulents, puis elle entre dans le jeu compliqué entre rois de France et d’Angleterre qui cherchent à mettre la main sur le riche comté de Toulouse. Le roi de France envahit le comté (1208, croisade contre les Albigeois), et l’intègre à la couronne de France. Parallèlement, la situation des Juifs se dégrade : en 1096, dans la Rhénanie, les croisés en route pour Jérusalem commettent des pogroms, en 1144, en France, Louis VII expulse du royaume les juifs suspectés d’être relaps. Au siècle précédent (1105) Rachi, rabbin de Troyes, faisait rayonner la culture juive européenne.

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La foi chrétienne est plus vive : le dynamisme des ordres mendiants, les pèlerinages et le culte des saints et de leurs reliques témoignent de cette foi vivante que les édifices religieux manifestent avec art. En Pannonie le catholicisme progresse aussi par la voie des armes : les chevaliers teutonique en Pologne et en Lituanie installent des forteresses, convertissent les peuples. Ils sont couverts par la bulle de Célestin III qui (1193) lance les « croisades baltes ». Saint Bernard de Clairvaux, de l’ordre cistercien, réforme son ordre, prône une discipline sévère et veut moraliser le clergé régulier et rechristianiser le métier de chevalier (Éloge de la nouvelle chevalerie, 1129). Les chrétiens se pressent en pèlerinage dont celui de Saint-Jacques de Compostelle en Espagne est le plus connu. Hospices, hôtelleries, haltes pour les pèlerins tracent en Europe un maillage mystique. Les fidèles adorent les reliques, comme le Saint Voile de la Vierge Marie, dans la cathédrale Notre-Dame de Chartres (1260). L’art gothique qui naît lentement à la fin du XIIe siècle manifeste ce renouveau de la piété : en s’étendant aux marges de l’Europe (Scandinavie) il dresse une nouvelle frontière à la « Chrétienté » assimilée au territoire européen. Pierre de Montboissier, abbé de Cluny, se rend en Espagne (1143), et y fait traduire en latin le Coran : il entend dénoncer l’hérésie suprême qu’est l’Islam à ses yeux car la Chrétienté se définit de plus en plus en miroir territorial de l’Islam.

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Entre le XIe et le XIIIe siècle, l’Europe connaît une nouvelle vague d’évangélisation qui étend les frontières de la Chrétienté et raffermit le corpus doctrinal : les minorités (Juives notamment), les nouvelles élites (Bourgeoises par exemple) sont les premières victimes de cette reprise en main de la Chrétienté par l’Église.

© Erwan BERTHO (2018)

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Articles complémentaires :

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