METHODES Comprendre l’analyse de document(s): enjeux et logiques.

FICHE METHODE

LE COMMENTAIRE D’UN DOCUMENT D’HISTOIRE

Objectifs

Le « Commentaire d’un document d’Histoire » est un exercice des épreuves d’Histoire-Géographie du Baccalauréat de la voie générale du lycée : il concerne les séries ES, L et S. Il constitue l’exercice de la deuxième partie des épreuves d’Histoire-Géographie, celle pour laquelle il est conseillé au candidat de consacrer une heure à heure et demie au maximum, quand la première partie a été consacrée à la Géographie.

Le « Commentaire d’un document d’Histoire » évalue les capacités critiques du candidat c’est-à-dire sa capacité à confronter son savoir à des informations apportées par un document et dont il va déterminer ainsi la pertinence, l’audience et la vraisemblance.

Les candidats sont bien conscients qu’en aucun cas le document n’apporte de connaissances.

Le candidat doit savoir situer le document dans son contexte, soit savoir en identifier l’intérêt historique, doit également savoir en expliquer (c’est-à-dire rendre intelligible pour le commun) certains passages emblématiques et doit savoir le raccorder à son époque ou au phénomène historique majeur auquel il est lié.

Traditionnellement l’exercice se compose d’une série de courtes questions et de consignes. Habituellement dans l’ordre on demande au candidat de présenter le document (1), d’expliquer une ou deux citations (2), d’analyser un ou deux aspects d’un phénomène historique auxquels le document fait référence (3), puis de conclure (4). Si la conclusion n’est pas formellement exigée du candidat elle est fortement conseillée et elle vise évidemment à mettre en avant l’intérêt historique spécifique du document étudié.

Comme tous les exercices de l’épreuve d’Histoire-Géographie (Composition, Etude d’un ensemble documentaire, Commentaire et Croquis) le Commentaire d’un document d’Histoire est un exercice d’argumentation. Les questions fractionnent en questions pour la clarté de l’analyse une argumentation unique qui courre de la problématique à la conclusion : il n’est d’ailleurs pas interdit (mais peu recommandé) de faire une seule réponse des quatre ou cinq questions.

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L’argumentation dans le Commentaire d’un document d’Histoire. 

 

Les questions et les consignes qui constituent l’architecture générale de l’exercice ne pas sont isolées les unes des autres : elles s’enchaînent et forment la trame d’une réflexion argumentée autour d’une problématique posée par le contexte dans lequel le document a été produit.

Le candidat doit bien lire les questions et en dégager le fil directeur : il pourra ainsi éventuellement reformuler sa question-problématique à la lumière de la trame argumentative et répondre aux questions de manière intelligente en liant les réponses les unes aux autres comme les questions sont liées les unes aux autres.

Le document en Histoire : un objet fragile. 

Le « Commentaire d’un document d’Histoire » avant d’être un exercice du Baccalauréat est un exercice scientifique au cœur de la démarche historique. Il pose la question du statut du document en Histoire. Bien comprendre le caractère ambivalent du document en histoire est une des conditions de la réussite à l’exercice.

NJ’essaie de réfléchir…

Le document en Histoire et le document d’Histoire

 

Le discours historique est le produit de l’étude des sources : les sources sont constituées de documents. Par exemple les sources épigraphiques sont constituées des textes écrits sur les stèles. Une stèle est donc un document des sources épigraphiques. Un film est un document des sources cinématographiques. Ainsi de suite.

Chaque document est donc une brique d’un immense édifice. Elle est donc une brique d’une importance fondamentale (sans elle rien de possible) et minime (elle-même ne constitue qu’une quantité dérisoire de l’édifice d’ensemble).

Mais à la différence de simples briques un document d’histoire est le produit d’une activité pensante : les hommes qui ont produit ces documents étaient animés d’une volonté, celle de dire certaines choses (plutôt que d’autres) et eux-mêmes le produit d’une histoire et d’un contexte (leur époque parle à travers eux sans qu’ils en soient toujours conscients).

Le document d’histoire est donc par nature menteur, par mensonge ou par omission, consciemment ou inconsciemment. Le vrai et le faux se mélangent intimement.

Un document nous donne la représentation qu’un homme ou un groupe d’hommes se faisaient du phénomène historique donc il est question. Une sorte de reflet un peu déformé d’un phénomène comme nous ne connaissons des autres étoiles que la lumière déformée et tardive qui nous parvient sans que nous soyons toujours capable de déterminer quels facteurs l’ont altérée en cours de route.

Celui qui analyse un document doit garder ces éléments présents à l’esprit : son travail consiste à démêler le vrai du faux, ou plus exactement le vraisemblable de l’erreur avérée.

La vérité en histoire est donc bien fragile : plutôt que constituée d’éléments positifs (ceci est…) elle est ce qui reste une fois qu’on a déterminé le champ du possible, puis du probable puis du vraisemblable. Au sein de ce champs du vraisemblable des doutes demeurent, souvent sur le sens à donner à tel ou tel élément. Ce qui fait la rigueur de l’histoire et la pose depuis Thucydide comme l’une des premières sciences sociales ce n’est pas tant son produit (un récit de l’histoire) mais la méthode qui a présidé à son élaboration. La démarche historique.

Le discours historique est donc (outre la démarche historique) le produit de différents autres facteurs, une sorte de nébuleuse d’éléments. Intervient là l’intuition de l’historien, une sorte d’intime conviction, ses croyances, son époque, ses convictions politiques et philosophiques.

C’est pourquoi sitôt établi le discours historique devient à son tour un document d’histoire qui n’attend que la génération suivante ou des scientifiques d’autres aires de civilisations pour être à son tour soumis à l’exercice critique.

On retiendra qu’il n’y a aucune vérité sous-jacente qui n’attend que d’être découverte : l’histoire est le produit d’un va-et-vient permanent entre l’analyste, son savoir, sa méthode et ses sources. Le document est donc au début et à la fin de la chaîne de production : il produit de l’histoire et en est le résultat.

Présenter un document d’Histoire

C’est la première question posée et c’est la plus importante. C’est elle qui va déterminer le cadre de crédibilité et de compréhension du document. On répond en trois temps (donc en trois paragraphes) : para – texte, contexte et question problématique.

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Le paragraphe. 

 

Un paragraphe est un corps de texte qui commence par un alinéa et s’achève par un point et un retour à la ligne (avec ou sans saut de ligne ensuite).

Un paragraphe peut donc faire (dans un devoir de type Baccalauréat) d’une douzaine à une quinzaine de lignes ou une ligne. Il est toujours gênant de voir des candidats ne pas savoir faire des alinéas.

Vous aurez remarqué que dans cette fiche il n’y a pas d’alinéa. C’est parce qu’un texte typographié est toujours plus clair qu’un texte manuscrit et que par conséquent il a moins besoin d’artifice de présentation pour être clair.

Quand on écrit à la main on marque systématiquement les paragraphes par des alinéas.

Déterminer a priori la crédibilité d’un document c’est ce qu’on appelle effectuer une critique externe. Aves des éléments d’informations extérieurs au document l’analyste va en déterminer la crédibilité et surtout les champs de connaissances dans lesquels sa crédibilité est acceptable, car aucun document n’est ni tout à fait crédible ni tout à fait mensonger.

La critique externe s’appuie sur deux éléments : le para-texte et le contexte.

  • Le para-texte comme son nom l’indique s’occupe de tout ce qui est contre le texte : titre du document, nature du document, source du document (support, auteur, titre originel) et date.
    • Sujet : c’est le titre donné au document. Il est rédigé par les auteurs du sujet et donne une indication soit sur le contenu soit sur la problématique.
    • Titre du document : Il est donné en bas du document. C’est soit un titre d’article ou de livre, plus rarement un tableau. Il est soit descriptif soit programmatique : Mémoires d’espoir du Général de Gaulle est un exemple de titre programme.
    • Nature du document : la nature du document définit un cadre de présentation qui a des conséquences sur le message du document (une photographie ne peut pas dire les mêmes choses ni les dire de la même manière qu’un texte). On doit dans la présentation du para-texte identifier la nature du document et dire quelles en sont les implications dans le commentaire.
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Les différents types de documents.

 

La liste des types de documents est presque infinie : tout est document en Histoire des mémoires d’un Grand comme les débris de déchets des plus humbles. Tout peut faire sens pour l’œil averti. Néanmoins chaque famille de document apporte en soi une série d’informations mais biaise aussi chacune à sa manière le regard. Le métier d’historien commence avec la certitude que le document quel qu’il soit est particuliers, donc partiel donc partial. Et en même temps il est irremplaçable.

On trouve les documents de familles très diverses. On classe les familles de documents soit par leur aspect (une image ou un texte), soit par leur support (dessin sur toile, carton ou fresque) soit par leur intention (art ou artisanat ?). Les documents iconographiques (les images) les documents numismatiques (pièces de monnaies) épigraphiques (écritures sur pierre) scripturaires (textes) cinématographiques et radiophoniques (sons et images animées y compris les dessins animées et les animés de synthèse) statistiques (données de quantités) architecturaux (bâtiments et leurs décorations) artistiques (tableaux, sculptures en elles-mêmes y compris les vestiges artisanaux)

Les documents ne sont pas toujours donnés en leur entier : usuellement quand il n’ya qu’une partie d’un document on dit pour les documents iconographiques artistiques numismatiques qu’il s’agit d’un détail et pour les autres types de documents on parlera d’un extrait.

 

 

Chaque famille de documents apporte des renseignements d’un ordre précis, même si des recoupements sont possibles. Dans ce qui suit on ne traite que des familles de documents qui servent de réserves pour les épreuves du baccalauréat.

• Les documents iconographiques sont nombreux : tableaux artistiques, affiche de publicité, affiches de propagande, affiches de films ou d’événements, photographies, représentations d’images sur des murs ou des ustensiles, dessins, graffitis, caricatures… Les documents iconographiques ont comme points communs de nous donner une représentation. Ils nous ouvrent une porte sur un imaginaire (individuel ou collectif, généralisable à une aire donnée ou au contraire propre à un groupe restreint, une classe sociale…). S’adressant aux sentiments et aux réactions plus qu’à la réflexion ils sont cependant eux-mêmes le plus souvent le produit d’un travail de réflexion. Une image est une construction. Il faut la décrire et la déconstruire. Le cas particuliers des photographies de paysages (urbains industriels ou ruraux) qui gardent une forte objectivité ; photographie horizontale, elle donne une idée d’un paysage, photographie aérienne ou satellite verticale, elle donne une idée de l’organisation spatiale, photographie oblique (aérienne ou depuis un promontoire) elle donne à la fois des informations sur les paysages, les volumes et l’organisation spatiale.

  • Les documents scripturaires sont la famille la plus nombreuse et la plus présente des documents d’histoire, sans aucun doute parce que l’histoire naît avec l’écriture. Depuis les documents écrits ont quitté les champs épigraphiques et numismatiques pour donner naissance à des genres très divers :
  1. les écrits officiels législatifs (loi, constitutions, amendements : ils sont œuvre collective et témoignent de l’esprit d’une élite à un moment donné et permettent parfois de déceler les compromis ayant présidé à leur élaboration)
  2. les écrits officiels administratifs (décrets, décrets d’application, rapports, lettres de missions)
  3. les écrits officiels diplomatiques (accords, notes d’informations, traités, courriers entre alliés)
  4. les mémoires (au masculin singulier un mémoire est un rapport sur une situation ponctuelle au féminin pluriel les mémoires sont les souvenirs d’un individu). Ces documents sont fortement sujets à caution : écrits pour être lus et évalués ils sont très partiaux et ne donnent que l’image attendue par la postérité.
  5. Il y a aussi les écrits non-officiels : romans, articles, tracts, correspondance, ils ne sont pas destinés à être évalués par des supérieurs hiérarchiques ni servir de justification à une action mais ils assument par contre leur complète partialité et leur prise de position.

Ÿ Les documents statistiques sont les documents les plus compliqués. Ils viennent soit des historiens soit des contemporains. Mais à chaque fois ils apparaissent sous la forme la plus objective et se donnent donc des airs de scientificité qu’en réalité ils n’ont pas.

Ex. Un document statistique sur l’augmentation des kilomètres de voies ferrées en AOF pendant la colonisation peut donner l’impression que la colonisation a été bénéfique car elle a permis la modernisation de l’Afrique. Tant que vous ne direz pas qu’avant la colonisation l’Afrique n’avait pas besoin de voies ferrées et que lui en apporter n’a pas le même sens que lui permettre de les construire elle-même, tant que vous n’aurez pas dit cela vous n’aurez rien dit. 

  • Source du document : Elle renseigne sur la crédibilité du document : une source officielle spécialisée dans l’analyse du problème étudié est forcément plus crédible qu’un partisan politique ou idéologique.
  • Date du document : Elle renseigne sur l’orientation du document : un témoin qui rapporte les événements à chaud ou cinquante ans après n’apporte pas les mêmes informations, celles-ci n’ont pas subi les mêmes déformations et par conséquent le témoignage n’a pas la même nature.
  • Auteur du document : c’est un des éléments les plus importants. Il faut identifier l’auteur précisément (Prénom, nom, fonctions au moment des faits rapportés et au moment de la production du document si ces deux périodes sont différentes) mais surtout analyser sa crédibilité (est-il témoin direct ? Acteur des événements ? parle-t-il par ouï-dire ?) et analyser ses intérêts (de classe, de nationalité, de parti politique ou de mouvement idéologique…) Enfin, l’homme n’étant finalement pas fondamentalement mauvais, essayer de montrer qu’en dépit de toutes les bonnes raisons de mentir l’auteur traduit quand même une forme voire une part de vérité.

  • Le contexte s’intéresse à ce qui est autour du document :

ATTENTION ! Comme un auteur ne peut savoir (à moins de bouleverser l’ensemble de nos connaissances en physique) ce qui va se passer après, on arrête la présentation du contexte au moment où le document est produit. 

On se méfiera des témoignages et des mémoires qui par définition parlentd’un événement a posteriori c’est-à-dire bien après qu’il se soit déroulé. D’où les tentations de justification ou de falsification à des fins de glorification ou de dédouanement. Il y a là deux contextes : celui du phénomène dont on parle et celui du moment où l’on parle de ce phénomène.

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Les définitions en compositions et le contexte en Commentaire comme préalables à la question-problématique.

 

La composition et le commentaire ont de nombreux points communs. Ce sont tous deux des réflexions. Que l’une soit tout d’un seul tenant et l’autre fractionnée en questions ne change rien à l’affaire. Tous deux prennent appui sur une base problématisée. C’est l’introduction pour la composition et la présentation pour le Commentaire.

Tous deux lient fortement deux éléments de leur introduction : c’est le couple définitions-problématique pour la composition et c’est le couple contexte-problématique pour le Commentaire.

Car le contexte est un moment non de description mais bien de problématisation.

En effet un contexte obéit à deux logiques : il doit décrypter l’environnement de production d’un document mais il dit aussi montrer que cet environnement oriente le regard de celui ou de ceux qui ont produit ce document. Ainsi la présentation du document permet d’encadrer le moment de production du document dans un moment précis de l’histoire – et même dans une série de moment emboités – mais aussi de montrer que le document n’est qu’un regard – et quel regard ? – parmi d’autres.

Une série de moments emboités ? Un contexte peut être présenté à diverses échelles de temps : il y a le moment immédiat des hommes et des générations, puis le temps médians des conjonctures et le temps long des civilisations. Le document est donc le produit d’un contexte complexe, issu de différentes temporalités qui se télescopent dans un moment donné. Celui de la production du document étudié.

Le contexte dans lequel naît un document d’histoire détermine en partie le message que ce document nous fait parvenir : le contexte oriente le regard. Le contexte rend donc l’étude d’un document problématique, à tous les sens du mot. L’étude devient difficile. Mais elle devient aussi intéressante. Le contexte sert donc à bâtir la problématique.

Dans le même ordre d’idée les définitions (des dates, des termes, des espaces, des notions ou des phénomènes historiques ou géographiques) permettent de rendre compte des difficultés et des incertitudes. Les définitions dans une composition jouent le même rôle que le contexte dans un commentaire : elles révèlent les grandes lignes d’incertitude et, partant, donnent un intérêt à la réflexion.

 

Comment le contexte permet-il de comprendre un document ?

Analysons un document qui fait partie de la mémoire iconographique mondiale : Ramsès II en tenue d’Horus-guerrier, sur son char de combat brandissant son sabre. C’est un détail d’une peinture murale retraçant la bataille de Kadesh qui oppose l’armée égyptienne et leurs voisins du Nord les Hittites. C’est une défaite égyptienne. Ramsès va faire faire des centaines de figurations de cette bataille en la présentant comme une victoire. Pour l’Histoire cette bataille représente l’archétype de la puissance militaire égyptienne (alors que c’est une défaite) et fait de Ramsès II le Pharaon guerrier (alors qu’après cette campagne malheureuse il n’y aura plus de guerre entre Ramsès et ses voisins).

Nous avons là un formidable exemple de la puissance du document même au-delà de la vérité historique.

Quel est alors l’intérêt (outre l’intérêt artistique) de ce superbe document ? Il nous renseigne sur la manière dont les Pharaons se concevaient en tant que monarques, et sans doute par ricochet sur la manière dont le peuple égyptien voyaient ses Pharaons : des êtes surdoués bénis des dieux réussissant par conséquent tout ce qu’ils entreprenaient. L’échec était inconcevable. Quand il était patent il entrainait l’extinction de la dynastie. Même un Pharaon aussi puissant que Ramsès II (mais l’était-il autant que cela ?) devait obéir à cette conception du pouvoir pharaonique.

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Être contemporain.

 

C’est comme être moderne ou être à la mode, être contemporain peut-être très daté. Le mot contemporain fait partie de la grande famille des mots français qui ont deux sens diamétralement opposés : de la même manière qu’un hôte est à la fois celui qui reçoit et qui est reçu, qu’un amateur est un spécialiste et un néophyte, un contemporain est à la fois celui qui vit aujourd’hui et celui qui vivait « à l’époque de… ». Salluste est un contemporain de Jules César mais il vivait il y a deux mille ans. Il est donc différemment contemporain que l’art contemporain.

Répondre à une question sur un fragment du document

C’est la question la plus courante. On vous demande d’analyser un extrait ou un fragment. Comment procéder ? Que dire ?

Vous répondez en trois temps, donc en trois paragraphes.

  1. Vous présentez l’idée directrice de l’extrait à étudier, et son intérêt historique et/ou sa place et son importance dans le document à étudier.
  2. Vous analysez ensuite minutieusement l’extrait en expliquant systématiquement ce qui est porteur de sens historique : on fait référence même à mot couvert d’institution ? Vous expliquez. On fait référence à des personnes, des événements, des idées, des textes ? Vous expliquez. On fait référence à d’autres documents ? Vous expliquez. Et ainsi de suite. C’est minutieux, c’est long, c’est fastidieux parfois et c’est pour cela qu’on ne vous donne qu’un extrait à analyser.
  3. Vous nuancez. C’est assez difficile de donner une explication systématique de ce qu’est une nuance. Souvent les extraits présentent une opinion. Dans le deuxième paragraphe vous avez illustré cette opinion, sinon en la défendant du moins en l’expliquant. Dans ce dernier paragraphe vous devez montrer – si c’est le cas – combien l’opinion émise est partiale où dans quels domaines elle l’est.
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« Expliquer un passage d’un document » ? 

 

Il est parfois difficile pour un candidat de savoir ce qu’on attend de lui quand on lui demande d’expliquer un document ou un passage.

Et c’est en effet difficile.

Le candidat connait suffisamment son cours pour comprendre le document. Il ne voit donc pas ce qu’il faut expliquer puisque tout semble évident.

Or rien n’est évident.

Churchill parle du « rideau de fer ». Tout élève de Terminale connaît suffisamment son cours pour savoir de quoi on parle. Certes. Mais le candidat s’adresse à un public (fictif) qui lui ne sait pas de quoi on parle. D’ailleurs sait-on précisément de quoi Churchill parle ?

Analysons ensemble cette expression comme si elle apparaissait dans une question qui pourrait être libellée « Que veut dire Churchill quand il prétend que l’Europe est coupée en deux par un « rideau de fer » ? Que l’URSS en violation des accords de Yalta entend occuper et modeler à son image les territoires qu’elle a libéré et pour ce faire elle interdit le regard étranger dans sa zone d’occupation. Churchill, 1946, URSS, Yalta, territoires libérés puis occupés depuis 1945, 1945, ce sont là les éléments du cours que vous connaissez mais qu’il faut expliquer parce qu’un néophyte ne sait pas nécessairement de quoi on parle. C’est à vous de lui expliquer.

 

Répondre à ne question générale

C’est un type de question simple : le document ne sert là souvent que de prétexte. Il s’agit de développer autour du document ou d’une idée présentée par le document une analyse d’un phénomène plus global.

Vous avez un texte de Jawaharlal Nehru on va vous demander de présenter les mouvements nationaux anticolonialistes. Ou les indépendances des années cinquante. Ou la naissance du Tiers-Monde.

Il est vivement conseillé de bien maîtriser son cours. 

Vous pouvez mettre le document étudié en lien avec votre développement : est-il en concordance ou en discordance avec ce qui se passe dans le monde à la même époque ?

Là encore on répond en trois temps donc en trois paragraphes.

  1. Dans un premier paragraphe vous présentez l’idée directrice de votre réponse.
  2. Dans un deuxième temps vous développez votre argumentation en l’illustrant de faits précis.
  3. Vous nuancez votre analyse.

Quelles sont les qualités attendues ? Précision des faits rapportés pour illustrer le développement. Rigueur de l’argumentation et du raisonnement.

Une argumentation n’est pas nécessairement un discours de démonstration logique épuré de toute donnée matérielle ou concrète. Le cours est une série de démonstrations que vous devez utiliser pour bâtir vos propres démonstrations.

Evidemment si vous n’avez pas de problématique vous n’avez pas de démonstration.

Que peut-il y avoir à démontrer dans un document d’Histoire ?

Ex. Vous avez un texte de Jawaharlal Nehru sur le processus d’indépendance de l’Inde et vous y avez décelé des éléments constitutifs d’une politique de non-alignement. Les dirigeants des mouvements anticoloniaux sont-ils tous favorables au non-alignement ? Réponse nuancée : oui en apparence tous tiennent le discours du non-alignement et du développement autocentré mais dans les faits beaucoup s’alignent sur les anciennes puissances coloniales ou les Etats-Unis. Jawaharlal Nehru est donc en rupture avec ses contemporains car lui est un acteur majeur d’une politique non-alignée authentique qu’il suivra dans les faits. 

Voilà une démonstration.

Rédiger la conclusion

                Vous l’aurez compris un commentaire d’un document d’Histoire vous transporte au cœur de la fragilité de cette science de l’Homme. Un document ne permet d’avoir sur l’Histoire qu’une vue parcellaire et souvent partiale. Mais ce document est aussi une pièce maîtresse de la connaissance historique. Au terme de votre commentaire on doit donc à la lecture de votre conclusion savoir ce que le document nous permet de savoir. Ce qu’un document apporte de connaissances est ce qu’on nomme l’intérêt historique du document.

                Mais derrière cet intérêt immédiat se cache un deuxième intérêt. Relisons les mémoires de jeunesse de Churchill : ce qu’il nous dit est-il l’exacte vérité ? Sans doute pas. Mais quoi qu’il arrive nous avons au moins une information : le regard que l’aristocratie britannique portait sur son empire au lendemain de la Première Guerre mondiale. Un document nous renseigne parfois plus sur son auteur (et son groupe, sa période…) que les événements relatés en eux-mêmes.

 Fiche méthode Le commentaire d’un document d’Histoire

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