COMMÉMORATIONS DU 11 NOVEMBRE 1918 Sorties scolaires, « Monuments aux morts pour la France de Niamey (NIGER) en 2013 »

COMMÉMORATIONS DU 11 NOVEMBRE 1918

Sorties scolaires, Monuments aux morts pour la France de Niamey (NIGER) en 2013

Centenaire de la Grande Guerre

Le 11 novembre 2013, les élèves de Primaire, de Collège et de Lycée du Lycée Français La Fontaine de Niamey (Réseau AEFE) participaient avec leurs enseignants aux cérémonies de commémorations de l’armistice du 11 novembre 1918. L’occasion de faire, dans un article relatant a sortie scolaire, un peu d’histoire locale et nationale.

Renouer avec l’histoire : le devoir de mémoire. 

COMMÉMORATION DE L’ARMISTICE DU 11 NOVEMBRE 1918 À NIAMEY (NIGER). 

Le lundi 11 novembre 2013, de 09h00 à 11h00, les élèves du Collège et de l’école primaire La Fontaine ont participé aux côtés des anciens combattants et veuves de guerre aux cérémonies de commémoration de l’armistice du 11 novembre 1918. Cette participation, remarquée par tous les autres invités et particulièrement appréciée des anciens combattants, a été l’occasion de célébrer la Paix et la mémoire de ceux qui se sont sacrifiés pour que la paix, et la sécurité collective, deviennent des réalités tangibles. 

C’est à 08h45 que les élèves de 3e et quelques élèves de CM2 accompagnés de Madame Pascale PIGNON, coordinatrice de la Vie Scolaire du Collège et du Lycée, du professeur d’Histoire-Géographie Souleymane ALI YÉRO, de Monsieur Philippe ANDRIÈS, Directeur de l’école primaire, et de Monsieur Karim CHERIFI, Proviseur adjoint du Lycée, se sont rendus au monument aux morts pour le Niger, érigé (1926) place du Petit Marché.

À 09h30 La cérémonie a commencé par la sonnerie aux morts. Rappel a été fait à tous du bilan effroyable de la Première Guerre mondiale (1914-1919) : 20 000 morts chaque jour, 2 500 morts chaque heure, l’équivalent de deux fois les bombardements atomiques sur Hiroshima et Nagasaki (6 et 9 août 1945) chaque semaine.

Première guerre totale de l’histoire, son bilan s’explique d’abord par la démesure des moyens mis en œuvre pour tuer des hommes : gaz de combat, canons à longue portée et armes à forte cadence de tir comme les mitrailleuses, développement de nouvelles armes comme les sous-marins qui coulent aussi des navires civils, des avions qui commencent les premiers bombardements de civils, des chars de combat (1916).

L’armistice marque l’arrêt des combats, le 11/11 1918 à 11 heures, un arrêt des combats décidé par les gouvernements belligérants afin de préparer la paix. Cette paix sera pour l’essentiel signée en juin 1918 au Château de Versailles, en présence du président WILSON, premier président des États-Unis à effectuer un voyage officiel à l’étranger.

Les élèves de 3e ont ensuite lu un extrait des mémoires de Bakary DIALLO, tirailleur sénégalais, auteur de Force-Bonté. , (1926). L’extrait présente une charge à la baïonnette effectuée par une section de tirailleurs sénégalais contre des tranchées allemandes. En effet, depuis 1915, les armées se sont enterrées dans un labyrinthe de tranchées et de forts construits dans la boue et la terre du Nord de la France. Les dizaines de millions d’hommes y combattront quatre années dans des conditions sanitaires insupportables : parasites, comme les poux, voisinage avec les cadavres des amis tués et que l’on ne peut pas évacuer, attaques des rats, bombardements qui durent parfois des semaines entières…

Les militaires français ont lu ensuite un florilège de citations reçues par des unités de tirailleurs sénégalais, témoignages de leur bravoure et de leur patriotisme. Sur une population de moins de 1,5 millions de Nigériens en 1914, 1 500 Nigériens sont partis combattre en France, parmi les 70 millions d’hommes mobilisés pendant ce conflit. L’Afrique a également contribué à la guerre par l’envoi de denrées alimentaires et de matières premières (huiles, caoutchouc, minerais) nécessaires à la poursuite des combats. L’Afrique, enfin, a été le théâtre de combats. Au Niger la guerre de Kaocen (1916-1917) en est un bon exemple.

Après le dépôt des gerbes de fleurs par les représentants du Niger et de la France en présence de Son Excellence Monsieur KARIDJO Mahamadou, Ministre de la Défense de la République du Niger, et de Son Excellence Monsieur Christophe BOUCHARD, ambassadeur de France au Niger, les élèves du Lycée La Fontaine sont allés à la rencontre des anciens combattants. À la Maison du Combattant, gérée par l’Office National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre (ONAC-VG), en face de l’Assemblée Nationale, les élèves ont été autorisés à visiter les locaux et la salle de conférence. Cela a été l’occasion pour les anciens combattants nigériens de témoigner leur plaisir de voir des jeunes s’intéresser à leur histoire, souvent douloureuse.

Représentés par le capitaine Amadou DIALLO, les anciens combattants de Niamey n’oublient pas leurs frères d’armes, aujourd’hui dispersés sur l’ensemble du territoire nigérien. L’Office des anciens combattants organise les secours médicaux (L’Office dispose d’une pharmacie et d’un dispensaire) et milite pour une amélioration des conditions de vie d’une population qui a longtemps constitué le point aveugle de la mémoire du pays.

Créée en 1934, en prenant la suite de l’Association des Mutilés de guerre de l’AOF-Togo (1922), et disposant depuis 1950 de son local, l’Office des anciens combattants entretient des liens étroits avec les associations d’anciens combattants de France, en particulier l’Association des anciens combattants de Lorraine.

Une dernière cérémonie a conduit les élèves au cimetière chrétien de Niamey, où, devant le monument du Souvenir français rendant hommage aux morts nigériens pour la France, des gerbes de fleurs ont été également déposées. Les élèves ont alors lu un texte, extrait de lettres de soldats témoignant de la violence des combats comme de leurs souffrances physiques et psychologiques. Une dernière fois la fanfare des Forces Armées du Niger a fait retentir la sonnerie aux morts.

Après le départ des officiels, les élèves du lycée ont visité le cimetière chrétien. Y reposent des hommes illustres qui ont contribué à la construction du pays. C’est le cas par exemple de Georges Mahamane CONDAT (1926-2012) qui fut le premier président (1957) d’une assemblée élue au suffrage universel direct au Niger. C’est le cas de Jean ROUCH, cinéaste et anthropologue, dont le CCFN de Niamey porte le nom, et qui fut, à travers ses films, un véritable conservateur des arts et des traditions populaires du Niger.

Touchés par la forte participation des élèves du lycée La Fontaine aux cérémonies de commémoration de l’armistice du 11 novembre, les anciens combattants ont offert un méchoui, méchoui que les élèves du lycée ont à leur tour offert aux veuves de guerre.

Comme de coutume, en effet, les cérémonies du 11 novembre se terminent au cercle mess des officiers et sous-officiers des FAN où un méchoui rassemble soldats d’hier et combattants d’aujourd’hui. La nourriture est partagée entre les différents arrondissements de Niamey où les sociétaires de l’OACN-VG la font parvenir aux veuves et anciens qui n’ont pas pu se déplacer.

Les cérémonies 2013 terminées, ce sont celles du centenaire de la Grande Guerre qui commencent. Elles dureront 4 ans, permettant chaque année la commémoration des grands évènements qui ont fait de cette guerre la matrice du XXe siècle.

Aujourd’hui, on ne célèbre plus seulement les tués de la Première Guerre mondiale mais tous ceux qui sont tombés dans les guerres menées par la France (Seconde Guerre mondiale de 1939 à 1945, Guerre d’Indochine de 1946 à 1954 et Guerre d’Algérie de 1954 à 1962), guerres dans lesquelles nombre d’Africains ont combattu et sont morts.

Les guerres menées par la France et le Niger sont aujourd’hui des missions de sécurité collective, placée sous mandat de l’Organisation des Nations Unies (ONU). On oublie parfois que c’est la Première Guerre mondiale qui a donné corps à l’idée de sécurité collective en permettant la création (1919) de la Société Des Nations (SDN), basée à Genève et ancêtre de l’ONU.

Il a fallu 10 millions de morts, 23 millions de blessés et de mutilés, et les 50 millions de morts de la grippe espagnole qui s’abattit sur les peuples épuisés, pour que la Paix cesse d’être une idée farfelue et devienne un idéal de gouvernance mondiale. Le souvenir de la Grande Guerre c’est aussi le souvenir des sacrifices consentis pour que la paix et les principes de justice et de liberté demeurent vivants.

© ALI YÉRO SouleymaneErwan BERTHO, Professeurs d’Histoire-Géographie

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