BIBLIOTHÈQUE VIRTUELLE – FICHES DE LECTURE – Stéphane Rosière, « Géographie politique et géopolitique: une grammaire de l’espace politique. » (2007). »

BIBLIOTHÈQUE VIRTUELLE – FICHES DE LECTURE

Stéphane ROSIÈRE, Géographie politique et géopolitique: une grammaire de l’espace politique (2007)

Première partie : Géographie politique

                La géographie politique est l’étude des éléments politiques structurant l’espace terrestre. Ces éléments sont essentiellement des territoires, des lignes et des pôles (postulat).

Chapitre 1 : Les territoires politiques

2 types de territoires :

1. Administratifs (pavage emboité et rationnel) formés d’abord par les Etats. La caractéristique géopolitique du monde contemporain est que l’échelon étatique est des plus en plus concurrencé aux niveaux infraétatique (subdivisions administratives) et supraétatique (organisations intergouvernementale [OIG] se sont multipliées durant le second XXe siècle).

2. Les aires socioculturelles, territoires transétatiques sans correspondance avec un pavage politico-administratif, se singularisent par la relative homogénéité de leur population.

I. L’Etat

1. Le pavage étatique mondial

Etat : élément fondamental du pavage politique de l’espace mondial. Mais un certain nombre d’Etat n’existent que de facto (sur le terrain) ou que de jure (juridiquement, en tant qu’entité reconnue par la communauté internationale). Certains Etats ne sont pas reconnus par tous : La Chine est représentée par la RPC (Beijing) et la Chine nationaliste (Taipei) ; les Etats qui reconnaissent l’une ne reconnaissent pas l’autre. Chypre Nord proclamée en 1983 est reconnue seulement par la Turquie.
Liste non exhaustive des entités qui existent de facto mais ne sont pas reconnues : le Somaliland (séparé de la Somalie en 1991) ; la Transnistrie (province autonome de Moldavie), l’Abkhazie et l’Ossétie du sud séparés de la Géorgie. Certains Etats reconnus par la communauté internationale n’existent pas ou peu sur le terrain : la Palestine (membre de la Ligue Arabe) ; la République arabe sahraouie démocratique, membre de l’OUA.

Quel point de vue doit être adopté par le géographe ? S’en tenir à la légalité juridique ou reconnaître toute entité qui structure de fait l’espace ? 191 Etats reconnus par l’ONU – si l’on compte les pays au statut d’observateur, le Monténégro indépendant depuis 2006 et Taiwan : 195 Etats.

2. La morphométrie inégale des territoires (superficie & forme)

  • La superficie

191 Etats. Macros-Etats/Micros-Etats = deux extrêmes : la taille moyenne des Etats est de 699 500km², 39 se situent au-dessus de la moyenne.

  • Macro-Etats : La Russie est le plus grand Etat de la planète avec 17,07 M de km².

Les 6 plus grands Etats représentent 45% des terres émergées. Les 29 plus grands Etats représentent 75% des terres émergées.

  • Micro-Etats

Il y en 68, dont 44 qui ont une superficie comprise entre 50 000 et 1000 km² (Luxembourg = 2 586km²). 25 Etats ont des territoires de moins de 1000km² (4 territoires enclavés (tous en Europe) le reste sont des territoires insulaires : Bahreïn, Tuvalu, Micronésie…). Dans ce cas on peut esquisser un lien entre géographie physique et géographie politique puisque le morcellement naturel prédispose au morcellement politique.

  • La forme

Discours sur la forme développé par Ratzel, aujourd’hui pertinent de manière symbolique en tant que « représentation territoriale ».

  • Les types de forme (4 fondamentales, Sanguin 1977)

La forme compacte : la plus simple et ramassée, un maximum de territoire pour un minimum de frontière (France, Pologne, Côte d’Ivoire…). Sont a priori plus facile à gérer (liaisons centre périphérie moins couteuses) cependant un relief central (Roumanie) ou milieu naturel (RDC) annule ces avantages.

La forme appendiculaire : territoire compact avec excroissance (Tyrol autrichien). Sanguin les appelle « poches frontalières » (1975).

La forme étirée : coût plus élevé pour sa surveillance, plus long développement des réseaux.

Les territoires morcelés : composés de plusieurs ensembles disjoints ; corps principal relié à une ou des exclave(s) ou comptant une enclave. Le Kirghizstan comprend deux enclaves ouzbeks (Chakhimardaï et Sokh) et deux enclaves tadjiks (Isfara et Vorouk) à l’intérieur de son territoire.

Etat insulaire bicéphale : qui a deux îles principales (Trinidad & Tobago)

Etats archipélagiques : plusieurs îles dont les principales ont des tailles comparables : Japon, Indonésie, Maldives, Comores, Cap Vert, Micronésie… à ne pas confondre avec la notion juridique d’Etat-archipel (convention de Montego Bay).

                Inconvénients liés au morcellement : rupture de charge dans les transports et augmentation des couts (taxes, sauf corridors). Le morcellement favorise aussi les mouvements séparatistes, d’autant plus que dans les pays les plus pauvres, le faible niveau de développement augmente l’effet des séparations et des distances. Les PEID (petits Etats insulaires en voie de développement ou Small Island Developing States, SIDS) ont formé un groupe au sein des Nations unies, ils sont aujourd’hui 28.

                Pas de déterminisme absolu : la continuité territoriale n’est qu’une des formes de la continuité d’un Etat (la Côte d’Ivoire et ses conflits ethnique forment un Etat morcelé).

                Le sens de la forme : Olivier Dolfuss : « quel Etat n’a pas une structure d’archipel ? ». Les discontinuités topographiques sociales, climatiques, politiques, culturelles, économiques… au sein d’un même Etat doivent amener à tempérer l’analyse de la forme seule.

3. La situation : insularité, littoralité et enclavement

Plusieurs paramètres : astronomiques (latitude/longitude), altimétrique, climatiques, le degré d’enclavement ; la situation par rapport aux espaces maritimes est une des données les plus pertinentes. Le littoral a un intérêt stratégico-économique s’il est doté d’un port en eaux profondes et est bien relié aux réseaux de communication :

                L’intérêt économique : Les NPI disposent tous d’un littoral et les PMA sont presque tous enclavés (sauf Soudan, Liberia et Haïti (cependant l’insularité dans une région pauvre est une forme d’enclavement)). Enclavement = marginalisation par rapport aux circuits commerciaux, à une époque où le commerce international se fait pour les 2/3 par voie maritime. + Intérêt touristique du littoral qui devient une richesse, surtout dans les régions ensoleillées.

                L’intérêt stratégique : le littoral assure l’indépendance de l’Etat, la possibilité de s’insérer dans le commerce international, d’étendre son influence. Source de conflits : Autriche Hongrie soutient la création de l’Albanie en 1912 pour priver la Serbie d’un accès à la Méditerranée ; extension du Chili prive la Bolivie d’un accès à la mer et réduit le littoral du Pérou.

a. Etats enclavés : 43/195 Etats. 2 en Amérique, 15 en Afrique, 12 en Asie, 14 en Europe (paradoxe européen car les pays disposent en gal d’un niveau de vie élevé  comme l’insularité, l’enclavement est surtout une contrainte qui pèse sur les PED).

L’enclavement réduit le rayonnement économique. G Wackermann à propos de l’Afrique : « les projets de développement se heurtent au handicap de l’enclavement. » les importations y coûtent 50% plus cher que sur le littoral. Les pays enclavés doivent créer et entretenir plusieurs routes d’acheminement portant sur de très longues distances, et les pays littoraux mettent au point des règlements complexes souvent incohérents : finances, douanes, police, protection phytosanitaire et sanitaire en général. Les Etats enclavés souffrent des lourdeurs et exactions qui s’ajoutent aux formalités déjà pénalisantes.

Etats presque enclavés : littoralité sans port en eau profonde, l’Etat doit utiliser les infrastructures des Etats voisins. La Bosnie-Herzégovine utilise un port croate ; la RDC exporte ses ressources minérales du Shaba par les Etats voisins car le projet de chemin de fer reliant le Shaba (Lubumbashi) à Kinshasa n’a jamais été réalisé depuis l’indépendance.

Indice de littoralité : longueur du littoral/longueur de l’enveloppe frontalière. Ile = 1, enclave = 0

b. Les Etats littoraux : « Etats côtiers » en droit international. A priori avantagés : G8, NPI & presque tous les Etats de l’OCDE sont littoraux.

c. Les Etats insulaires : Insularité est a priori un avantage. Ils peuvent être monocéphales (environ 12 : Taïwan, Madagascar…), bicéphales, archipélagiques. 8 îles seulement sont coupées par une frontière terrestre, l’insularité prédispose donc à l’unité politique. Insularité peut devenir un élément paradoxal d’enclavement par rapport aux grands axes de communication (surtout pour les pays du « Tiers Monde » qui n’ont pas faute de moyen réduit les distances « matérielles et immatérielles », Wackermann 1997).

II. Les Territoires infra et supraétatiques (niveaux de pouvoir concurrençant l’Etat)

  • Les territoires infraétatiques

Formés de toutes les mailles qui structurent les Etats. Fondamental en géographie politique car le « découpage administratif est certainement l’une des marques les plus déterminantes de l’action de l’Etat sur l’organisation de l’espace interne de la souveraineté » (Kleinschmager, 1993). Les entités administratives s’emboîtent : on distingue le premier ordre (=régions), du deuxième ordre (=départements) … Nombre et rôle  variables selon les Etats.

  • Logique des découpages administratifs

Expriment une volonté politique, ils sont une création du pouvoir central ou les parties cofondatrices d’un Etat (USA, Pays-Bas). Violette Rey : « le territoire est la traduction spatiale concrétisée de  la réalité d’un pouvoir »(2004). Le découpage administratif exprime soit le contrôle du territoire soit la faiblesse de l’Etat central et la prééminence des entités régionales.

Les Etats centralisés (ou unitaires) : 1 seul pôle politique, les entités administrastives sont des relais du pouvoir central. Souvent l’unité législative et juridique de l’Etat y est complète. Ce dernier organise souvent un découpage égalitaire du territoire (population ou superficie). Un Etat unitaire peut céder aux entités une part égale de ses prérogatives sans remettre en question le principe d’unité.

 Maillage : En gal + le centralisme est fort, + le maillage est serré et les subdivisons administratives petites. Logique de gestion par un pouvoir central = parcelliser au maximum pour éviter un contrepoids politique régional (judets roumains créés par Ceausescu en 1968)
3 catégories d’Etats centralisés : Micro-Etats ; Etats démocratiques à tradition centralisatrice & à population souvent hétérogène dont on craint l’éclatement ; les régimes autoritaires.

Les Etats à centralisation variable : au moins deux manières de gérer le territoire au sein du même Etat. Une part du territoire est centralisée tandis qu’une autre dispose d’une certaine autonomie, et  l’Etat est soumis aux pressions des ces différentes régions (Espagne, Etat « intégral », la constitution de 1978 proclame « l’unité de la nation espagnole » mais aussi « l’autonomie des nationalités et des régions qui la composent » notam. 1996 : autonomie fiscale des provinces, reconnaissance des langues régionales basque et catalane). Il est l’arbitre qui peut faire basculer le système vers le centralisme (Franco 1939) ou vers le fédéralisme (Italie XXIèmes).

Les Etats décentralisés (fédérations et confédérations) : pouvoir central transfère une part significative de ses prérogatives aux entités constitutives, qui aboutit souvent à l’existence d’entités de tailles et de populations très inégales.

 Modes de création des maillages administratifs ds les Etats fédéraux : D. Bach (1991) : la scissiparité (qui résulte du morcellement d’une entité préexistante en de nouvelles entités, colle au plus près des réalités socioculturelles (cas du Nigéria)) et l’agrégation (l’Allemagne passe de 11 à 16 länder lors du rattachement de l’ex RDA à la RFA)  entités souvent très inégales.

Paramètres géographiques et maillage administratif : en gal : la densité de population est le paramètre jouant le plus grand rôle ; la superficie des subdivisions est inversement proportionnelle à leur densité  inégalités de tailles.

  • Hiérarchie des subdivisions administratives

La gestion s’effectue en gal par la superposition de cadres administratifs emboîtés les uns dans les autres, on compte le plus souvent 2 ou 3 niveaux de subdivision. La concurrence entre les entités de niveau différent n’est pas exclue. Echelon régional, divisé en sous-ensembles (=départements fr, provinces it.), puis échelon « local » (maillage le + fin).

Niveau régional : concept de région renvoie à une capacité de s’affirmer en tant qu’acteur (région de regere régner, provincia de vincere vaincre). Distinction entre simple subdivision administrative (relais du pv central) et véritables régions, disposant de certains pouvoirs et pouvant à ce titre être considérés comme des acteurs géopolitiques. (en France, on dit aussi « collectivités territoriales », mais celles-ci ne correspondent pas forcément à l’entité « région »). Tous les Etats ne disposent pas de régions (svt par peur de compromettre l’unité de l’Etat).

Deux régions : les régions historiques qui sont des représentations claires qui s’imposent à leurs habitants et à l’extérieur (Alsace : Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine / Et, malgré vous, nous resterons Français / Vous avez pu germaniser la plaine /Mais notre cœur vous ne l’aurez jamais !). Et les régions polarisées qui sont consrtuites autour d’un pôle de commandement dominant leur hinterland (Rhône-Alpes), leur image est svt plus floue mais leur pertinence n’en est pas moins réelle.

Niveau intermédiaire : (=départements) n’existe pas dans tous les pays et pose le problème de la multiplication des niveaux de décision.

Niveau local : unité administrative de base (en gal commune).

–  Rôle politique fort dans les Etats centralisés qui se méfient du pouvoir régional.

– Taille variable : communes françaises  15km² ; communes allemandes  42km² et constituées de plusieurs villages.

Tendance générale de l’Europe à diminuer le nombre de communes : passage de 24 000 à 8 000 en Allemagne, sans trop d’objections car peu d’enjeux contrairement à la France où la loi Marcellin de 1970 a échoué  les coopérations intercommunales en France sont apparues comme des nécessités.

Les subdivisions techniques : plus obscures mais pas nécessairement dépourvues d’importance (collectivités locales en France, gérées par un conseil représentatif élu). NUTS européennes qui facilitent la gestion des aides régionales et la comparaison statistique entre Etats membres.

  • Les territoires supraétatiques

OIG : spécificité du monde contemporain, il en existe plus de 300 : associations d’Etats constituées par des traités à vocation régionale (UE) qui paraissent plus pertinentes en tant que nouveau découpage de l’espace mondial (nouveau pavage), ou à vocation universelle (FIFA) qui jouent un rôle dans l’édification d’une « société mondiale ».

  • Types d’organisation à vocation régionale

OIG régionales ≠ autonomes, la souveraineté appartient aux Etats membres dans ts les cas ; la règle de l’unanimité souvent appliquée complique la prise de décision. Mais elles ont toute, de fait, une dimension politique (pas toujours affirmée), souvent économique, rarement militaire. Etats généralement égaux en droit développent une culture de la négociation et du consensus… tant qu’ils sont en accord (Maroc quitte l’OUA après l’admission de la République sahraouie). Distinction entre OIG qui s’appuient sur une situation géopolitique consolidée et OIG à vocation consolidante (les + fragiles : UMA, SAARC).

3 types d’organisation : les zones de libre-échange, les unions douanières, les unions économiques (marchés communs). Union politique n’a jms été réalisée. Les OIG militaires (OTAN, CCG etc.) sont intrinsèquement à vocation politique : l’objectif est de contrer un danger ou ennemi commun.

4 paramètres descriptifs de l’OIG régionale : traité fondateur ; principes (vocation géographie, objectifs) ; Etats membres fondateurs (pôles de commandement) ; siège permanent (exprime la domination ou l’équilibre des membres principaux).

  • Les principales organisations régionales (nouveau découpage du monde)

L’UE (ancien marché commun dont l’intégration politique s’est renforcée avec l’Acte unique et le traité de Maastricht), l’ALENA (NAFTA), l’APEC (qui a vocation à faire du pacifique le nouveau centre du monde, compte 22 Etats), l’ASEAN, CARICOM, COI (Commission de l’océan indien, 1984), CAN (communauté Andine des Nations, 1969, Bolivie, Colombie, Equateur, Pérou. Objectif jamais réalisés et de + en + concurrencée par le Mercosur), CEDEAO (ECOWAS, 1975, 16 Etats membres, objectif= marché commun Ouest-africain, résultats mitigés. Ecomog : bras militaire créé en 1990), CEI (1991), CCG (conseil de coopération du golfe, créé en 1981 pour contrer la menace iranienne, 6 Etats membres), COMESA (marché commun de l’afrique de l’est et du sud, 1994, 21 membres, conçu pour promouvoir le développement, la croissance, la paix, la sécurité & la stabilité (hemhem)), CEAC, l’EAC, le Conseil de l’Europe (1949), le Forum du Pacifique sud (1971), la Ligue Arabe (1945), Mercosur (marché commun), OCE (Organisation de coopération économique, 10 membres dont 6 Etats musulmans postsoviets), UA (ex OUA. Promotion du developpement économique, des droits de l’homme, de la démocratie et renforcement de l’intégration du continent), UDEAC (1964, union douanière et économique, ont créé la CEMAC dont la banque des Etats d’Afrique centrale est la banque centrale), UMA (Union du Maghreb arabe) et d’autres, mais c’est bien assez.

III. Les aires socioculturelles (ASC)

 espace qui se caractérise par la présence d’un peuple doté de caractéristiques sociales ou culturelles dominantes (langue, religion, us et coutumes et aussi le gradient de richesse). Référence à des données qualitatives esquissant des peuples distincts (population peut être formée de plusieurs peuples), étude récente dans la géographie humaine (sauf géopolitique : le choc des civilisations)  L’Etat ne peut être considéré comme seul producteur de territoire politique). La géographie politique a pour but de décrire un maillage socioculturel.

  • Les territoires linguistiques

Distinction : langue maternelle, langue de communication, langue officielle. Langue officielle n’est pas forcément la langue nationale (cf. Mali). A plus grande échelle : on note l’existence de dialectes, créole qui se distinguent du sabir (système linguistique rudimentaire  pidgin english), et de la diglossie. Distinction entre groupes et Etats monolingues et plurilingues, à ne pas confondre avec les minorités allophones d’un Etat (berbères au Maghreb).

Typologie des langues avec groupes et sous-groupes, les plus rigolotes sont : les langues sémitiques (araméen, arabe, hébreu, maltais), chamitiques (langues berbères) et couchitiques (amharique, tigréen) : NE de l’Afrique  proche Orient. Les langues agglutinantes (même mode de fonctionnement mais pas de branche commune) : langues finno-ougriennes, le magyar, les langues turques, le mongol et les langues amérindiennes (sioux, navajo, inuit…) etc. Les langues d’Afrique noire sont placées dans un même groupe excluant les sémitiques et couchitiques du nord.

La géographie des langues officielles est plus simple que celle des langues maternelles. Le bilinguisme officiel est une reconnaissance juridique de l’existence et de l’usage de deux langues sur un territoire, mais cela ne signifie pas que l’usage de ces deux langues soit généralisé (cf Canada et nombreux Etats à centralisation variable). La situation politique influence les langues : précarité des langues non reconnues (souvent menacées en Afrique et Asie). Il existe environ 40 Etats bilingues ou multilingues. Les principales langues officielles mondiales sont l’anglais (52 Etats ou entités), le français (27), l’arabe (24), l’espagnol (21), le portugais (9), le russe (5).

  • Les aires confessionnelles

Succès de l’analyse des religions après 1989. A la fin de l’affrontement des deux blocs, la religion s’est imposée comme un facteur structurant majeur de l’espace politique mondial (Huntington, et sa « tectonique des peuples »), ainsi Indiens et Pakistanais se distinguent essentiellement par leur religion (l’hindi et l’ourdou sont la même langue, l’une en alphabet indien, l’autre en arabe).

Elle reste un facteur équivoque car difficile à appréhender (la pratique d’une même religion est variable et ce à différentes échelles). On peut cependant faire une géographie des grands groupes religieux tout en gardant à l’esprit qu’aucun groupe n’est homogène. L’évolution démographique favorise aujourd’hui les religions du Sud.

Catholiques : 1,2 Mrd de fidèles, protestants : 600M, orthodoxes 200M. L’islam compte 1,5Mrd de fidèles, son extension géographique s’est propagée dans toutes les directions ; on parle des 5 couleurs de l’islam. Les clivages internes aux religions sont nombreux, voir p100 du bouquin.
L’Hindouisme compte 900M de fidèles et est considérée comme la plus ancienne des religions : croyances relevant d’une conception unique de l’existence et de l’univers. Le Bouddhisme : 400M de fidèles. Le judaïsme : 20M de fidèles divisés en trois pôles géographiques principaux : Israël, Europe (occidentale d’une part et orientale d’autre part avec l’Ukraine et la Russie), Amérique (du Nord surtout, mais aussi en Argentine). Les Sikhs, un peu plus de 20M de fidèles, dieu unique, réincarnation et amour pour la divinité, ils forment une nation soumise à l’ostracisme et aux persécutions des Hindous et des musulmans (à cheval sur le Pakistan et l’Inde). Les animistes, un des plus anciens systèmes de pensée : la nature est considérée comme animée (dotée d’âme) (comparable au druidisme européen), l’animisme se syncrétise souvent avec la religion dominante.

  • Les aires socio-économiques

Maillage socio-économique est à prendre en compte car le clivage est aussi pertienent entre riches et pauvres qu’entre locuteurs ou fidèles. On parle surtout de « classes socio-spatiales » (A. Reynaud, 1981) qui esquisse une première géographie de l’inégalité économique. Guy Di Méo et Pascal Buélon ont avancé le concept de « formation socio-spatiale » (2005). Pavage difficile à décrire, « l’espace uniforme est une vue de l’esprit » (Wackermann, 1997)  pauvreté et richesse se juxtaposent fréquemment : organisation verticale qui suppose des strates socio-économique, « s’il existe des régions pauvres et des régions riches, c’est d’abord qu’il existe des rapports sociaux polarisant richesse et pauvreté » (Vandermotten, 1988). Objectif : rendre lisible la carte socio-économique du monde.

Les dichotomie sont pérennes et les fractures tendent à se renforcer, elles reflètent « l’accumulation spatiale polarisée du capital, de la main d’œuvre qualifiée, des technologies, des infrastructures économiques, sociales et culturelles » (Vandermotten).

Les outils de description sont le PIB, le PNB, le PIB à parité de pouvoir d’achat et l’IDH depuis 1990 (créé par l’ONU pour rendre les mesures plus fiables). Statistiques à manier avec prudence d’autant qu’on ne peut pas toujours compter sur les comptabilités nationales qui prennent peu en compte l’économie informelle.

  • Les territoires socio-économiques planétaires

Caricaturés sous les termes Nord et Sud, ou avant ça, l’expressionTiers Monde de Sauvy. Traduction politique de l’entité socio-économique Sud : le groupe des 77 à l’ONU (1964), uni face au Nord mais pas toujours homogène ; les Non Alignés. Ces structures ont été incapable d’unir des Etats aux idéologies et aux cultures trop disparates. Le G8 représente les organisations du Nord.

Nord et Sud, des sous-ensembles hétérogènes : le Nord connaît la pauvreté, on parle de quart-monde, et le Sud l’opulence ponctuelle.

 PID : l’Europe de l’Est a connu une décandence économique extrémement sévère dans certains Etats (Bulgarie, Serbie, Russie, Roumanie…) face à la prépondérance économique de la Triade.

 PVD : distinction entre les PMA (PNB ≤ 400$/hbt), les pays à revenu intermédiaire (PNB entre 500 et 5000$), les NPI.

Indices du niveau de développement :

 PIB/hbt :indubitablement lié à la géographie politique caril est calculé par Etat et suivant les données fournies par les Etats. Ecarts varient de 1 à 40.

 PIB/hbt à parité de pouvoir d’achat : offre une vision plus objective des gradients de richesse. La moyenne mondiale est de 7804$/hbt en 2002)

 IDH : plus complet et complexe, il combine les statistiques de l’alphabétisation des adultes et de l’espérance de vie à celle des revenus ce qui fournit un meilleur indicateur de développement bien qu’encore imparfait. L’indice va de 0 à 100, dépasser 80 = bon niveau de développement, niveau faible en dessous de 50.

  • Territoires socio-économiques d’échelle continentale

 disparité de la richesse dans l’UE : « banane bleue », qui s’impose comme le centre économique de l’Europe, entouré de quelques autres pôles de richesse comme la région parisienne, la Catalogne et le Danemark. Les périphéries quant à elles forment les régions les plus pauvres. Les déséquilibres ont des répercussions politiques et géopolitiques : retardes l’entrée ds l’UE des pays de l’ancien bloc soviétique, menacent les solidarités financières (parfois directement au sein des Etats comme la Belgique).

  • Les territoires socio-économiques d’échelle nationale ou métropolitaine, exemple de l’Italie

 les clivages internes en Italie sont représentés par un fort gradient économique existant entre le Nord et le Sud : transcription géopolitique claire avec le développement des ligues autonomistes dans les années 1980, notamment la Ligue lombarde (Umberto Bossi). Elles expriment le rejet de la solidarité financière mise en place par l’Etat central (ce mouvement fondé l’expression « syndrome lombard » dont on affuble la Wallonie).

 clivages internes à une métropole : Los Angeles. Ville caractérisée par un cloisonnement extrême. Les quartiers résidentiels ne comprennent pour la majorité d’entre eux aucun lieu de sociabilisation (bar, café, restaurant). Les groupes sociaux ont très peu d’occasion de pouvoir se mélanger, d’autant moins que la prolifération de gated communities est forte, on en trouve déjà plus d’une dizaine dans la ville. La fracture est d’autant plus forte que « la plupart des communautés fermées considèrent (…) que leurs murs, la présence d’écoles, de milices ou simplement l’entretien de la voirie les exonèrent de la participation à certains impôts prélevés par la ville » (Le Goix). Cela a eu pour conséquence administrative dans les années 1960 : toute ville américaine se doit de modifier les limites de ses arrondissements en fonction des résultats du recensement  vers un séparatisme municipal. Phénomène appelé « balkanisation » de l’espace métropolitain. Suite au recensement de 1980 : un nouveau quartier hispanique a été créé à LA, de façon laborieuse, la création a généré de nombreuses tensions qui ont préfiguré les émeutes de 1992 (Ghorra-Gobin, 1997).

Une tectonique des peuples ?

Les aires socio-culturelles forment un pavage difficile à appréhender mais pourtant fondamental dans l’analyse des dynamiques géopolitiques (qui pour être pertinente dit consister en une descritpion fine des aires sociocult., vis-à-vis des généralités mondiales réductrices) ; beaucoup de tensions naissent des imbrications et intersections entre les différents groupes. Parfois les rivalités entre acteurs  génèrent la conflictualité sans quel’espace en soit à l’origine, ce dernier ‘nest alors que le cadre de cette conflictualité. L’expression de « tectonique des peuples » gomme les dynamiques de réseaux et souligne plutôt des affrontements entre « civilisations » ; elle gomme la donnée économique (primordiale en géopolitique, et néanmoins trop minorée) ou le rapport de puissance qui peut être à l’origine du conflit.

CHAPITRE 2 : LES LIGNES POLITIQUES

 frontières (enveloppe externe des territoires d’un Etat), objet étudié à l’université seulement depuis les année 1970 (sauf Ancel, IEP de Paris, 1930’). Maillage plus ou moins dense à la surface de la planete. Quatre types de frontières : frontière internationale, frontière interne (ou limite administrative), frontières des OIG, frontières socioculturelles.

 les réseaux dont la signification est partiellement politique (lien entre réseaux et problématique politique).

I. Les frontières internationales

Etat et nation sont deux notions bien distinctes, on devrait plutôt parler de frontières interétatiques.

  • Les frontières terrestres

 enveloppe frontalière = égale au pourtour de l’Etat, elle est terrestre en cas d’Etat enclavé, sinon elle comprend une frontière maritime. Une enveloppe frontalière se décompose en plusieurs dyades, ou « frontière commune à deux Etats contigus » (M. Foucher). +/- 270 dyades maritimes, 267 dyades terrestres.

  • Nature des frontières 

Réalité multiple, la frontière dispose d’une « fonction de marquage réel, symbolique et imaginaire » (M. Foucher)

 dimension abstraite ou symbolique : représentation symbolique de l’espace politique, qu’il soit réel, rêvé ou revendiqué. La représentation cartographique des frontières a une valeur d’affirmation et de symbole (valeur de « représentation »)  cartes officielles chinoises annexent toute la mer de Chine méridionale, les cartes syriennes mentionnent une frontière « provisoire » qui est la limite internationale de facto, et une frontière dite internationale qui est celle revendiquée depuis plus de 70 ans.

 dimension concrète : souvent matérialisées par des bornes, parfois des murs ou autres obstacles. Le tracé est affiné par des commissions de démarcation, l’intervalle à respecter entre deux bornes est variable : il respecte la règle d’intervisibilité, mais un traçage de ce type est rare parce qu’onéreux et que les litiges empêchent souvent les deux partis de le concrétiser. Dans cette perpsective, le niveau de développeent des Etats est un facteur déterminant (frontière américano-canadienne compte plus de 8000 bornes réparties sur les 8891 km de frontière et doublée d’une percée de 6  de large).
La matérialisation par un obstacle est rare. Murs aux USA pour empêcher les « Chicanos » et autres latino-Américains d’entrer ; la dyade américano-mexicaine est murée entre San Diego et Tijuana, le reste etant matérialisé par des grillages, notamment sur certaines portions urbaines du sud de la californie. Dyade Botsawa-Zimbabwe matérialisée par un mur (pour se prémunir de l’afflux de réfugiés venant du Zimbabwe). Mur ou « clôture de sécurité » entre Israel et Palestine. De nombreuses dyades conservent ainsi une dimension militarisée et sont bordées sur une profondeur par des aires de circulation restreintes. Frontières militarisées entre Chine et Vietnam, Grèce et Turquie.
Cas spécifique des frontières en milieu urbain : Berlin, Nicosie, Jerusalem, Belfast. 2 cas : 1) la frontière est postérieure à l’agglomération : Valka (Lettonie)/ Valga (Estonie), après la première guerre mondiale, la ville a été partagée en deux sur une base ethnique. Autre exemple : Comines (France-Belgique, Congrès de Vienne 1815). 2) l’agglomération est générée par la frontière : villes doublons = « effet-frontière » positif : Bâle qui a généré des excroissances en France, Laredo (Texas) face à Nuevo (Mexique).

 De la zone frontière à la ligne frontière : la multiplication des frontières linéaires est essentiellement liée au développement des Etats-nations, depuis le XIXème, qui ont été pensés comme formant un tout géographiquement cohérent. Distinction existe tjs en anglais entre frontier (espaces frontaliers) et border (ligne séparatrice). L’antiquité ‘ignorait pas les frontières linéaires : limes romaine et le mur d’Hadrien. C’est aec l’émergence de l’idée d’Etat nation et grâce aux progrès de la cartographie que le tracé du bornage devient plus évident (XVIIIe pour la France avec les cartes Cassini, période de linéarisation par Louis XIV et Vauban).
La colonisation européenne aboutit à la généralisation de la frontière en deux étapes : linéarisation des frontières interimpériales (traité de Tordesillas 1494, puis traité de Berlin 1884-1885 pour l’Afrique où les frontières inter-impériales ont tracées pour l’essentiel entre 1885 et 1910). Selon Foucher, la précocité du « fait frontalier » en Asie est le corollaire d’une tradition dimplomatique (incluant archivage et cartographie) ancienne et conséquence de la vigueur des appareils d’Etat.

 remise en cause contemporaine de la frontière linéaire : paradoxe de la situation géopolitique contemporaine. Après la GF se multiplient les « zones grises » (Rufin, 1991) qui renvoient de nombreux Etats à la dimension de fiction cartographique : « triangle d’or » aux confins de la Birmanie-Thaïlande-Chine, ou des Etats « libanisés », puis d’une autre façon les processus d’intégration mondiale et régionale par le biais des OIG.

  • Multifonctionalité des frontières

 fonction politique : matérialise la limite de la compétence territoriale de l’Etat aux niveaux financier, juridique et administratif. C’est aussi dans certains Etats à partir de la frontière qu’est définie la citoyenneté (droit du sol).

 fonction administrative : lieu de contrôle et régulation des flux qui la traversent, qui peuvent être assimilés à une protection de la souveraineté de l’Etat. Douanes controlent les marchandises, et la police des frontières les personnes. Frontière : ligne ou point (aéroport). Politique protectionniste = imposition de taxe. OMC (siège à Genève) a pour rôle la diminution des obstacles tarifaires ; le recul du protectionnisme est une des caractéristiques de l’espace mondial contemporain. Par le biais de la contrebande, la frontière est aussi une source de revenus.
C’est aux frontières que l’on décompte les entrées et sorties du territoire et que l’on calcule les soldes migratoires. Des enclaves d’un nouveau type sont formées par les Zones de transit (ports, gares, aéroports internationaux) ; les synapses liés à la multiplication des moyens de transport participe de la délinéarisation des frontières.

Cas particulier des zones d’attente qui sont une catégorie peu connue de territoires interstitiels liésaux frontières : étranger se présentant à la frontière sans visa. L’enfermement peut y durer jusqu’à trois semaines. Leur existence souligne que la libre-circulation des personnes concerne surtout les citoyens des pays riches.

 La fonction militaire : dans ce cas, la frontière est plutôt une zone frontière. Franchissement de la frontière = casus belli par excellence. Elle est considérée selon la notion médiévale de « marche », ou plus contemporaine de « glacis » que l’on peut définir comme un espace de protection qui s’oppose au « sanctuaire », zone centrale et vitale de l’Etat.
La frontière de sécurité devient la limite à partir de laquelle on peut considérer qu’il y a menace sur les frontières ou le « sanctuaire ».

  • Typologie des frontières

Typologier : aspect classique de la réflexion en géographie politique (sans blague..), mais c’était aussi un des abus de la Politische Geographie de Ratzel. Il existe trois types de frontière :

 La classification  morphologique : descritption du support de la frontière qui permet de définir sa perméabilité.

  • La frontière naturelle : montagne (mais ne suit pas toujours la ligne de crète, cf France-Espagne)/ fleuve (correspond au talweg : frontière irako-iranienne sur le Chott-al-Arab, frontière apparemment naturelle qui a été objet de conflit jusqu’à ce que la ligne de frontière suive bien le tracé du talweg (1990 !))
  • La frontière artificielle : astronomique (USA-Canada séparés par le 49° // ; frontière soudano égyptienne séparés vers le 22° de latitude) ou géométrique (frontières septentrionales du Mali et du Niger. On peut se demander si les frontières artificielles ne sont pas celles qui n’ont aucune signification socioculturelle et divisent même des peuples (Kurdistan, territories inuits) ce qui favorise les mouvements séparatistes ou rattachistes.
  • Degré de perméabilité des frontières : mesurée suivant le nombre de points de passage pour 100km (taux de perméabilité qui est plus un indicateur de tendance). Trois degrés de perméabilité : opaque (Myanmar, ligne de démarcation Corée N/S), l’opacité totale n’existe pas : ondes, courriels, internet les traversent. Frontière diaphane si les flux sont contrôlés. Frontière transparente.

 perméabilité variable : pour un même Etat, suivant la dyade (opacité unilatérale), suivant la nature des flux ; les flux fonanciers sont peu voire nullement gênés par le maillage frontalier de la planète.

 Perméabilité différentielle : smarts borders. En Amérique du nord en particulier depuis le 11 sept : renforceme,t spectaculaire des inspections frontalières durcissmeent des politiques de flux transfrontaliers. Les contrôles implantés ont considérableemnt ralenti le trafic avec le Mexique. Les USA ont su imposer leur agenda et leurs conditions pour développer les smarts borders et faire appliquer leur politique aux pays voisins grâce à l’interdépendance asymétrique des commerces étatsunien, canadien et mexicain. Question de la perméabilité des frontières soulève des problèmes éthiques, économiques et stratégiques.

 La classification génétique : « horogénèse » ou processus de formation de la frontière (M. Foucher).

  • Par rapport aux populations : légitimité impliquée par le lien entre frontière et peuplement. R. Hartshorne : une frontière peut être antécédente (traité de Tordesillas 1494 sur les « terres vierges »), contemporaine (au même moment que l’arrivée des hommes) ou subséquente (la majorrité des dyades !). Mode de classification utilisé par les prmiers géographes politiques « systématiques », peu pertinent.
  • Par rapport au mode de détermination : frontière résulte toujours d’un rapport de force, exprimé par des moyens armés ou pacifiques. Peuvent être exogènes (imposées de l’extérieur) ou endogènes (fruit de rapports de force entre populations locales). Les frontières fixées après une guerre sont nombreuses en Europe : Franco-allemande (établie en 1815 puis modifiée en 1871, 1919, 1940 puis 1945), germano-polonaise, franco-belge, roumano-hongroise, finno-russe etc. En Amérique, c’est le cas de la dyade Etats-Unis Mexique, Bolivie-Paraguay (guerres du Chaco, fin en 1935), Pérou-Equateur (Protocole de Rio 1942). En Asie : Inde-Pakistan, Inde-Chine au Cachemire, Arménie-Azerbaïdjan, Israël-Jordanie (1967).
    Frontières fixées pacifiquement : Partage de l’Amérique par le traité de Tordesillas, celui de l’Afrique par le congrès de Berlin (1884-1885), frontières exogènes.
    Frontières fixées par référendum : « les plus légitimes », exceptions. Après 1GM plébiscites pour la ville de Sopron en Hongrie, le sud du Danemark, en Sarre. Puis référendums d’autodétermination pendant la décolonisation.
    Cette classification se fonde sur le niveau de reconnaissance des frontières, et est donc polémique.

Contestation des frontières : Les frontières contestées se caractérisent souvent par un accès limité ou interdit (parfois militairement surveillées, elle peut prendre l’aspect d’un front, comme la ligne verte à Chypre). Ces frontières font l’objet d’un contentieux interétatique qui peut rester juridique ou prendre la forme d’une guerre. C’est la Cour Internationale de Justice de la Haye qui a la compétence pour trancher les litiges (résolution du conflit sur la région de l’Agacher entre le Mali et Burkina en 1986).

Les frontières contestées sont nombreuses et listées page 145. Ouzbékistan-Tadjikistan, Cameroun-Nigeria, Maroc-Algérie etc. Les frontières réactivables ne posent pas de souci dans l’instant mais pourraient faire l’objet de conflit en cas d’arrivée au pouvoir d’idées géopolitiques la remettant en question (1933, Allemagne nazie).

  • Les frontières maritimes

Prolongement des frontières internationales terrestres. Espaces maritime constitués par des « étendues d’eau salée en communication libre et naturelle » (Ruzié 1997). Importance accrue des frontières maritimes au XXe s.

  • Les différentes zones maritimes

Convention Internationale sur les droits de la mer ; Convention de Montego Bay (1982 appliquée en 1994) divise l’espace océanique en plusieurs zones : depuis la ligne de côte on discerne les eaux intérieures, les eaux territoriales, la zone contigüe, la ZEE et les eaux internationales (haute mer). La ligne de côte ou ligne de base = formée par les plus basses mers (territoire inclus tout l’estran). Ligne de base des Etats Archipels (statut particulier) relie les points extrêmes des îles les plus éloignées, l’indice maritime doit cependant être compris entre 1 et 9. Indice maritime : rapport entre surface totale de l’Etat et l’espace émergé.

  • Les eaux intérieures : (comprend l’es eaux intérieures archipélagiques). Lagune, baies, estuaires, ports. Elles sont juridiquement assimilées à la terre ; souveraineté entière de l’Etat, les navires de guerre étrangers y jouissent cependant de l’immunité juridique en matière civile et pénale. Baie : selon la convention ne peut être fermée que par une ligne de base de 24 milles au max, à condition qu’elle enferme une surface d’eau au moins égale à un demi-cercle ayant pour diamètre cette ligne de base.
  • La mer territoriale : même valeur juridique que la terre. Largeur théorique de 12 milles depuis la ligne de base. L’Etat peut exercer des contrôle mais doit reconnaître le « droit de passage inoffensif » de navires étrangers.
  • La zone contigüe : de la limite extérieure des eaux territoriales, ne pouvant exceder 24 milles. Espace tampon dans lequel l’Etat riverain peut exercer des contrôles douaniers sur les naviires y circulant.
  • La ZEE : s’étend jusqu’à 200 milles de la ligne de base. L’Etat riverain est propriétaire des ressources sous-marines de cet espace. Il représente près de 2/5e des terres émergées de la planète.
  • La haute mer : zone située au-delà des eaux territoriales et des ZEE. Les fonds marins ont été voté « patrimoine commun de l’humanité » contre l’avis des USA en 1982.
  • Modalités particulières de l’appropriation de l’espace maritime

En cas de contact de mers territoriales ou de ZEE de deux Etats, on applique généralement la règle de l’équidistance. Pour des Etats voisins, on détermine une frontière perpendiculaire à la côte. En cas de litige, c’est la cour de justice de la Haye qui tranche : 1982 contentieux entre la Libye et la Tunisie.

  • Evolution du découpage de l’espace maritime

XXe siècle : réclamation par les Etats littoraux de droits accrus sur les espaces océaniques. Rétrécissement du res nulius. Les grandes puissances maritimes étaient favorables au maintien de la mare liberum contrairement aux pays du Sud, notamment le Chili et le Pérou qui voulaient protéger leurs ressources halieutiques et ont donc joué un rôle décisif dans l’appropriation. Ressources d’Afrique et d’Amérique latine soumises aux prélèvements des flottes industrielles mettent en place des ZEE et condamnent la liberté de pêche. Cela abouti à une conférence des Nations Unies sur les droits de la mer et à la convention de Montego Bay (Jamaïque) entrée en vigueur en 1994. Signée par 117 Etats, mais pas les USA, ce qui en limite la portée. Par ailleurs, les Etats enclavés réclament un partage des richesses de la mer.

                Persistance des litiges : nombreux là où les ressources naturelles sont importantes et exploitables et dans certains secteurs stratégiques comme la mer de Chine méridionale. USA et Canada sont à cheval sur ces questions (atlantique, pacifique ET Arctique), le Japon s’oppose à tous ses voisins continentaux. Litiges liés à la notion d’équidistance (Grèce-Turquie, Japon-Corée etc.) ou au tracé de la frontière perpendiculaire au rivage (golfe de Guinée entre Guinée Bissau et Sénégal, Caraïbes etc.).
Contestations liées au découpage de la convention de Montego Bay : variabilité de la mer territoriale. 7 Etats maritime et insulaire ne sont pas signataires de la convention, leur mer territoriale est plus petite. Certains Etats très impérialistes revendiquent une mer territoriale de la surface de leur ZEE : Bénin, Congo, Guinée, Somalie, Argentine, Brésil… Le Chili développe même la « mer de présence » : espace de haute mer que l’Etat se réserve.

  • Les frontières aériennes

Poursuit sur le plan vertical les frontières terrestres et maritimes (limite extérieure des eaux territoriales). Confirmation de la notien d’espace national aérien par 4 conférences internationales (1919-1947) dont la circulation est soumise à certaines contraintes juridiques et techniques (routes caractérisées par des axes et altitudes précises), qui concernent autant le droit dee survol, l’autorisation d’atterrissage, la création de corridors de circulation ou de fenêtres horaires dans la circulation atmosphérique. OIAC (Organisation internationale de l’aviation civile) se trouve à Montréal mais est inutile. Tendance générale à la libéralisation du trafic. 2000 : 80 accords bilatéraux dont 11 n’’engageaient que des PED.

II. Les autres types de frontières

  • Les limites administratives

Elles sont révélatrices des enjeux et problèmes géopolitiques fondamentaux des Etats, d’autant plus importants que les régions sont souvent des acteurs de plus en plus significatifs. Importance et rôle variable (région, département, commune : trame superposée), inertie (capacité à se maintenir ou non).

Typologie : Les frontières intérieures dans les confédérations et fédérations, même type que les frontières internationales sauf sur le plan militaire et constitutionnel. Véritables ruptures juridiques. Les frontières de régions à statut spécial : induisent de véritables discontinuités territoriales, plus ou moins sensibles (Etats à centralisation variable). Les limites de régions, ou autres subdivisions administratives : plus spécifiques aux Etats unitaires ou centralisés, elles n’induisent aucune discontinuité. Ce ne sont pas des frontières, mais elles sont néanmoins des régions dans la rivalité des régions. Problématique du tracé de nouvelles limites administratives qui exprime les rivalités entre pôles politiques locaux.

Inertie des frontières : de la frontière internationale à la frontière interne : difficulté d’effacer une ancienne frontière internationale, on parle de rémanence frontalière. Exemple : limite Meurthe-et-Moselle et la Moselle (1871) et limite Tarn et Tarn-et-Garonne (scission départementale). La frontière interallemande du rideau de fer est loin d’avoir été effacée.
Effacement d’une ancienne frontière internationale relève d’une grande difficulté (réseau de communication, mentalités).

  • Les frontières des OIG

Cas des zones de libre-échange : la frontière extérieure de l’OIG est la frontière internationale classique. La frontière de l’Etat et la limite de l’OIG se superposent mais c’est la frontière d’Etat qui a le plus de signification. Les dyades intégrées sont plus transparentes que les dyades extérieures. Dans les accords de Schengen, le texte distingue les frontières intérieures des frontières extérieures qui voient leur rôle accru.

  • Les frontières socio-culturelles

De nature ethnique ou économique, elles sont parfois visibles dans l’espace (le paysage), mais leur existence est loin d’être systématique. La limite n’est pas toujours claire, le passage d’un peuple à un autre peut se faire de manière graduelle. Un peuplement en peau de l’éopard associant plusieurs groupes empêche de poser une limite. Difficile donc d’établir des contours précis des aires socioculturelles. Sauf dans certains cas : Flandre/Wallonie  frontière administrative séparant deux aires, Bruxelles, seul territoire bilingue du royaume.

                • coïncidence entre frontière socioculturelle et maillages politiques :
Coïncidence avec une frontière interétatique (rare) : Portugal/Espagne en Europe (sauf pour la Galice, Pays-Bas/Allemagne, frontières entre pays baltes. Frontières devenues culturelles sur la durée du fait d’un processus historique d’intégration.
Avec une limite interne : (renforcée par un éventuellement changement de signalisation), moins contraignante  qu’une limite internationale : Wallonie/Flandre, Trentin-Haut-Adige et reste du territoire italien.
Frontière socioculturelle ne correspond à aucune limite administrative : souvent masquée par un pouvoir centralisateur. La frontière socioculturelle peut être aussi très visible, sans être reprise dans le maillage frontalier ou administratif : en Irlande du Nord, la frontière entre les quartiers protestants et catholiques est manifeste (fresques murales…), cas similaire au Liban entre catholiques et musulmans.

                • Les frontières linguistiques :
évolution spatiale particulière, superposition fréquente. Disparition d’une langue effectuée sur un temps long, en France, les langues régionales n’ont pas totalement disparu mais l’ascension économique et politique des individus s’est faite par la connaissance du français. Il existe des politiques d’éradication des langues (depuis l’Edit de Villers-Cotterêts XVIe s, la France ne reconnait pas l’usage officiel d’une autre langue sur son territoire, elle n’a toujours pas signé la carte européenne de protection des langues régionales). En Turquie : autorisation de parler le kurde en famille seulement depuis 1991.
L’éradication de la langue impériale a été tentée dans certaines anciennes colonies, mais est difficile et souvent autoritaire (Algérie, Tunisie de Ben Ali, Madagascar).

                • Les frontières confessionnelles :
Interaction ancienne entre politique et géographie des religions → une religion s’etend rarement d’elle-même ; une conversion de population révèle en général une volonté impériale.

III. Les Réseaux

Réseaux : supports des flux de personnes, de marchandises, de richesses matérielles ou virtuelles (financières), de produits énergétiques, d’eau, d’informations, etc. Ils structurent souvent les territoires politiques et sont des enjeux considérables, souvent supérieurs aux espaces où ils se localisent.

  • Caractéristiques des réseaux

→ densité : maillage +/- dense. Développement économique synonyme de réseau dense. Faible densité exprime la périphérisation, la marginalité, la dépendance.

→ morphologie : axes et nœuds (terme préféré à centre, trop utilisé). Les grandes métropoles mondiales se trouvent au centre des réseaux qui y convergent. Parfois des régions entières jouent ce rôle « nodal », voire des Etats (Singapour, Pays-Bas). Matérialité variable : certains réseaux n’ont que les nœuds de concrets, localisables (réseaux maritimes et aériens). Ils ne sont cependant jamais absolument déterritorialisés. Réseaux routiers sont hiérarchisés entre autoroutes (dont la connexité dépend des échangeurs), routes asphaltées et non-asphaltées. Les réseaux ferrés particulièrement importants, sauf en amérique latine où le fret routier est très développé. Dans les PVD : axes lourds essentiels pour l’exportation de matière permière, les importations et les flux de main d’œuvre. Finalité n’est pas seulement commerciale ; de nombreux Etats ont construit des axes ferroviaires pour renforcer la cohésion nationale (Gabon, Tanzanie). Réseaux aériens : un Etat ne disposant pas d’aéroport apparaît comme TRES enclavé. Nécessité de la liaison intercontinentale.

L’interconnexion entre les réseaux est une donnée fondamentale : Hub = aéroport pivot aux lignes en rayon, plates-formes multimodales.

→ Forme des réseaux : maillés (ou réticulaires) assurent une bonne connectivité. Etoilés (polarisés, rayonnants), caractérisent souvent les Etats centralisés. Arborescents, diffusés à partir d’un nœud unique, comparable à un réseau hydrographique (cf. réseau routier de Birmanie). Linéaires : un seul axe, réseau ferroviaire linéaire présent dans beaucoup de PVD, Mongolie, un seul axe asphalté nord-Sud relant le lac Baïkal à Beijing en passant par Oulan-Bator. Ces axes forment des corridors vitaux !

→ La connectivité et l’enclavement : La connectibilité est la capacité à utiliser les réseaux. La connexité est la capacité à permettre, à partir de n’importe quel nœud, de rejoindre les autres nœuds. Les pôles sont donc hiérarchisés. La connectivité, résultante des deux notions est pertinente en géographie politique. Une faible connectivité caractérise l’enclavement et les situations périphériques. La lecture cartographique d’un réseau est souvent parlante. Déjà par sa forme, un réseau exprime un rapport de domination. Sa morphologie exprime donc souvent une situation politique.

  • Réseaux et réalités politiques

Réseaux : facteurs fondamentaux de la maîtrise de l’espace. Sa construction est souvent du ressort de l’Etat. Choix autant politiques qu’économiques pour l’implantation d’une infrastructure de transport, nodale ou linéaire, qui tend à privilégier un axe ou un point au dépens d’un autre. Les réseaux expriment des rapports de forces ou des réalités stratégiques.

→ Ils façonnent les territoires : En Afrique les cours d’eau ont été les réseaux de circulation et d’exploration fondamentaux. La forme de la Gambie vient de l’axe de circulation, le fleuve Gambie, qui lui a donné naissance. Rôle fondamental de l’axe ferroviaire aux USA.

→ Les territoires engendrent les réseaux : Les réseaux de communication ont été développé à des fins géopolitiques ; pour accélérer le processus d’intégration régionale. Après 1960, développement de la « route de l’espoir » Nouakchott-Néma en Mauritanie qui visait à intégrer les différentes populations maures et noire africaines, elle a engendré un fort exode rural vers Nouakchott.

→ Réseaux et rapports de force : France : axe Paris-Aras-Lille = souci de choisir la voie la plus courte entre les pôles majeurs, au détriment d’Amiens. Ligne droite Paris-Nancy-Strasbourg abandonnée au profit d’un zigzag économiquement discutable par Reims, Châlons-en-Champagne et Metz.
Les axes stratégiques ont pour but de conforter une domination : tunnel de Salang en Afghanistan construit par les Soviétiques pour désenclaver mais aussi faciliter l’influence vers Kaboul.
Pour les Etats enclavés, les réseaux les reliant aux littoraux sont des axes vitaux, stratégiques (Addis-Abeba-Djibouti, poumon économique d’une importance capitale pour l’Ethiopie). Ces axes stratégiques ont une incidence sur la politique étrangère des Etats concernés.

Les corridors sont des axes routiers ou ferroviaire permettant le transit entre deux territoires séparés sans qu’un contrôle ou taxe soit exercé. Ils sont liés à l’existence de territoires morcelés.

CHAPITRE 3 : LES PÔLES POLITIQUES

Pôle politique désigne tout point jouant le rôle de commandement et participant à la structuration des territoires politiques.

I. Les capitales

Capitale : théoriquement la ville qui regroupe les centres de décision politique de l’Etat et hautes structures administratives. Rôle déterminant dans la direction des affaires du pays mais aussi, d’un point de vue économique, scientifique et culturel. Dans les Etats fédérés coexistent une capitale fédéral et des capitales d’Etats, ou fédérées, représentant deux niveaux de pouvoir concurrents.

  • Le rôle des capitales

Elle se distingue du chef lieu qui n’est qu’un relais du pouvoir central. L’ensemble des chefs-lieux forme le réseau d’encadrement fondamental du territoire. La capitale est le siège des pouvoirs publics, elle a aussi valeur de représentation et contribue à l’identification de l’Etat.

Une ou plusieurs capitales ? Le rôle d’une capitale peut être partagé entre plusieurs villes, on parle alors de polycentrisme (Pays-Bas : Amsterdam et La Haye. Bolivie : Sucre (siège constitutionnel) et la Paz (siège du gouvernement)).

Des situations de crise peuvent engendrer la création de capitale provisoire (Kaunas, capitale provisoire de la Lituanie lors de l’invasion polonaise en 1920. Vichy en France, Bonn en Allemagne).

Zone d’influence de la capitale : s’étend juridiquement jusqu’aux frontières de l’Etat, mais plus restreinte dans les Etats libanisés, dans les portions de territoire ayant fait sécession (capitales inserrectionnelles → Berbera, capitale du Somaliland). L’influence (politique, économique ou culturelle) dépasse les frontières dans le cas des villes mondiales (Tokyo) : l’archipel des métropoles mondiales (Dolfuss, 1990) concurrencent les capitales d’Etats plus petits périphérisés.

  • Taille et situation de la capitale (révélatrice des dynamiques spatiales de l’Etat)

Capitale est souvent la plus grande ville de l’Etat, phénomène de synergie associant des facteurs politiques, économiques et culturels : cas des pays au réseau urbain macrcéphale (la plupart des Etats africains). Seulement 20 Etats dans le monde dont la capitale n’est pas la plus grande ville notam. Afrique du Sud, Kazakhstan, Italie, Cameroun, Turquie, Nigéria, Canada…

Etats fédéraux possèdent souvent une capitale de petite taille, par crainte d’un centre politique trop envahissant ? (Washington, USA). Capitale fraichement déplacées (Nigeria, Kazakhstan).

Influence du rôle politique sur la morphologie urbaine : structures décisionnelles sont attractives : concentration.

Situation centrale résulte souvent d’une décision de l’Etat (Madrid, après la reconquista ; Varsovie), beaucoup d’Etats sont dans ce cas. La situation excentrée renvoie à des sites de contact, le plus souvent littoraux.

  • Création ex nihilo ou déplacement de la capitale :

Le transfert d’une capitale est plus qu’un acte géopolitique interne, sa résonance est largement internationale ; changer de capitale, c’est changer de symbole. On compte une dizaine de changements depuis 1945.

II. Les autres pôles décisionnels

  • Les capitales économiques

Notion ambiguë qui entraine l’utilisation, par opposition, de capitale politique (pléonasme), la notion de « métropole économique » est plus justifiée. Elles accueillent les sièges sociaux d’entreprises, banques ou/et organismes. La géographie des sièges sociaux en Europe illustre la domination des métropoles de l’Ouest, mais aussi des Etats où elles se localisent. En France, le centralisme politique favorise la centralisation économique alors que les modèles allemand ou canadien sont plus favorables à une meilleure répartition des sièges sociaux sur le territoire et à une césure entre pôles économiques et politiques.

Les capitales et métropoles économiques sont à la fois complémentaires et concurrentes ; les réseaux de (télé)communication peuvent être accaparés par la métropole économique au détriment de la capitale. Plus l’économie est libéralisée moins la capitale peut rivaliser. La synergie est généralement facilitée par la proximité (Pretoria – Johannesburg).

  • Les sièges d’institutions majeures (OIG, ONG)

ONU ainsi que l’UE sont polycentriques pour éviter de favoriser un Etat. Bruxelles est le pôle majeur, siège de la Commission européenne, siège partiel du Parlement et du Comité économique et social ; Strasbourg est le siège du Parlement ; Francfort est le siège de la BCE. Dans le cas de l’ONU, ce polycentrisme esquisse une géographie du pouvoir à l’échelle mondiale : évidence du poids du monde occidental.

  • Les pôles culturels sont en général des villes universitaires qui sont des pôles de synergie avec la capitale ; ou elles sont d’anciennes capitale (Istanbul, Montréal). Rayonnement mondial de Los Angeles (Hollywood) capitale mondiale de l’industrie du film.

III. Les pôles spirituels et symboliques (lieux où se forgent les identités collectives)

Le réseau des lieux symboliques est un enjeu important en terme politique, culturel et stratégique.

1. Les pôles religieux : grande importance pour les fidèles, ne peuvent être ignorés par la géographie politique et la géopolitique. Jérusalem (Shalom), la Mecque, Médine (Salam), Rome (Ave), le Caire, Nadjaf (Ϯ d’Ali) et Kerbala (pour les chiites), Moscou (orthodoxes), Genève (calvinistes), Pendjab (sikhs). Avec les lieux de pèlerinages : le Vârânasî (sur le Gange), Puri et Orissa (culte Vishnou), Lourdes, Fuji Ama, Ararat.

2. Les pôles nationaux : liés à un peuple ou une nation (Kosovo, symbole de la nation serbe).

3. Vandalisme révolutionnaire (RF ou 1933 incendie du Reichstag à Berlin) et institutionnel (Ceausescu ds les 1980 : destruction de tous les repères socioculturels avec la « systématisation du territoire ». Révolution culturelle de Chine. Afghanistan : destruction par les talibans des deux buddhas géants de Bamiyan et des films de la cinémathèque de Kaboul).

Parce qu’il s’attaque aux symboles, le vandalisme intéresse la géopolitique. L’effacement des repères politiques ou culturels est un mode de mise en œuvre du contrôle d’un territoire, acte peu différent de celui de l’effacement d’une frontière → il s’agit d’effacer le maillage politique.

 © Ronan KOSSOU (réactualisation mai 2016)

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