DOCUMENTS DE COURS – Géographie – Théories de la ville mondiale, « 1979, Braudel et la ville-monde. »

Villes mondiales

Fernand BRAUDEL, Civilisation matérielle, économie et capitalisme, 1979, Paris

« La ville-monde »

FICHE TECHNIQUE

BRAUDEL (Fernand), Civilisation matérielle, économie et capitalisme XV-XVIIIe siècles , Paris, Armand Colin, tome 1 – Les structures du quotidien (1967, 1993 aux éditions Le Livre de Poche, 736 pages, ISBN 978-2253064558), tome 2 – Les jeux de l’échange (1979 aux éditions Armand Colin, 1993 aux éditions Le livre de Poche, collection « Références », 855 pages, ISBN 978-2253064565) et tome 3 – Le temps du monde (1979 aux éditions Armand Colin, 1993 aux éditions Le Livre de Poche, collection « Références », 922 pages, ISBN 978-2253064572). 

L’AUTEUR

Fernand BRAUDEL (1902-1985) est le plus grand historien français du XXe siècle, auteur de trois œuvres majeures qui révolutionnent l’historiographie dans le monde, inspirateur d’historiens et de politologues, dont Samuel HUNTINGTON. Il fait paraître d’abord La Méditerranée et le monde méditerranéen à l’époque de Philippe II (1947) introduit la notion de temporalités emboîtées, puis Civilisation matérielle, économie et capitalisme XVIe-XVIIIe siècles (1979) et enfin la Grammaire des civilisations (1987) premier essai d’une histoire interconnectée.

LE LIVRE

Dans Civilisation matérielle, économie et capitalisme XVe-XVIII siècles (1979) Fernand BRAUDEL montre l’émergence du capitalisme européen dans le cadre de sa très longue gestation temporelle mais aussi spatiale car le capitalisme européen s’insère dans un marché mondial, étudié au tome III. Les apports de The modern World-system, d’Immanuel WALLERSTEIN (« économie-monde ») et de Rudolf HÄPKE (l’archipel des villes) sont déterminants.

L’EXTRAIT

« Au centre, une ville capitaliste dominante. »

« […] Seconde règle : Au centre, une ville capitaliste dominante

Une économie-monde possède toujours un pôle urbain, une ville au centre de la logistique de ses affaires : les informations, les marchandises, les capitaux, les crédits, les ordres, les hommes, les lettres marchandes y affluent et en repartent. De gros négociants y font la loi, riches souvent à l’excès.

Des villes relais entourent le pôle, à plus ou moins grande et respectueuse distance, associées ou complices, plus fréquemment asservies à leur rôle second. Leur activité s’accorde à celle de la métropole ; elles montent la garde autour d’elle, rabattent vers elle le flux des affaires, redistribuent ou acheminent les biens qu’elle leur confie, s’accrochent à son crédit ou le subissent. Venise n’est pas seule, Anvers n’est pas seule, Amsterdam ne sera pas seule. Les métropoles se présentent avec une suite, un cortège ; Richard Häpke parlait, à leur propos, d’archipel de ville, et le mot fait image. Stendhal avait l’illusion que les grandes villes d’Italie, par générosité, avaient ménagé les moins grandes. Mais comment auraient-elles pu les détruire ? Les asservir, oui, et rien de plus, car elles avaient besoin de leurs services. Une ville-monde ne peut atteindre et maintenir le haut niveau de sa vie sans le sacrifice voulu ou non des autres. […] »

BRAUDEL (1979), pages 17 et suivantes.

Print Friendly, PDF & Email