FICHES DE LECTURE – Leonora MIANO, « La saison de l’ombre. » (2013) par OUATTARA

CRITIQUE LITTÉRAIRE

Léonora MIANO, La saison de l’ombre. , 2013, Paris, Prix Femina

« L’obligation d’inventer pour survivre. »

FICHE TECHNIQUE

MIANO (Léonora), La saison de l’ombre. , 2013, Paris, aux éditions Grasset, 235 pages, Prix Femina 2013.

ISBN 978-2-246-80113-9 Disponible au CDI sous la cote R. MIA

Aspect positifs :

Ce roman, écrit par Léonora Miano, a de nombreux aspects positifs : De l’écriture du roman jusqu’à la sensibilité avec laquelle elle touche le sujet de l’esclavage, La saison de l’ombre fait preuve d’originalité, et aborde un sujet déjà traité à mainte reprise dans le passé avec un point de vue unique et rafraichissant.

Ce roman est tout d’abord très intéressent de son aspect de témoignage historique. Ainsi, il rappelle une organisation et une mentalité africaines oubliées des nouvelles générations. Les coutumes ancestrales et les croyances occupent un aspect dominant dans la vie courante de l’Afrique noir. En effet, l’utilisation de la magie et les moyens surnaturels, pour surmonter des difficultés  témoigne d’une Afrique riche en croyance et respectueuse des ancêtres. Cette magie pouvait être utilises pour amplifier les sens humains, telle que l’ouïe, ou comme guidance et aide dans la vie courante :

«  Mutango entend ce qui échappe habituellement à l’humain : les conversations d’une colonne de fourmis, la ponte des scarabées, la poussée des minuscules touffes d’herbe »

Certains personnages sont représentatifs de la communauté dans laquelle ils vivaient :

  • Mutango, par exemple, symbolise la perfidie et la cupidité, et est consumé par son ambition.

« Pour Mutango, les communautés n’ont pas de sentiments. Elles ont des intérêts »

« Ce qu’il souhaitait, c’était acquérir la puissance de la bête. Penser comme un léopard. Etre aussi capable de cruauté. »

  • D’un autre côté et sur une touche plus positives, Ebeise, « matrone » Africaine, incarne la sagesse et le savoir. Elle est un des piliers de la société, et la maintient par son caractère audacieux.

« Parmi les deux qui eurent le privilège d’être entendues après la tragédie, Ebeise, la première épouse du guide spirituel, a été particulièrement prise en compte. En tant que matrone, elle a assisté bien des parturientes »

  • Eyabe, une des femmes qui fut isolée après la perte de son fils, fait quand a elle, preuve de courage, et de détermination, et est une image fidèle et honorable de la femme Africaine.

L’intrigue de ce récit est également une de ses points forts, ainsi que sa syntaxe. Ainsi, on y découvre comment les communautés Africaines sont bouleversées par l’arrivée des hommes blancs. Petit à petit, le mystère est dévoilé, les éléments et les fils conducteurs apparaissent pour former et terminer un puzzle.

La syntaxe, riche en figure de style, en personnification et en métaphore, donne sa beauté au récit. La plume experte de Léonora Miano, retranscrit avec humour et ironie la tragédie, et ceux en utilisant toujours un registre soutenu et riche.

L’ombre est une entité omniprésente dans le récit. Son apparition marque le début d’une série d’événement étrange, et son importance est marquée par le choix du titre :

« La saison de l’ombre »

Le mystère reste présent, et le lecteur se pose plusieurs questions, sur la nature de cet ombre. Celle-ci est la représentation abstraite du malheur, de la misère et est surtout le témoignage physique d’un changement. Le titre choisit, « La saison de l’ombre », décrit avec perfection l’œuvre en elle-même, où le concept de passage à une nouvelle ère est le thème majeur que voulait aborder Léonora Miano.

Aspect négatifs :

Les prénoms de ce roman se ressemblent, et malgré la beauté de l’écriture, la syntaxe assez « lourde » rend le roman difficile à lire dans un premier temps.

Ce roman nécessite beaucoup de concentration, de la relecture et un environnement paisible pour arriver à une compréhension du texte. Il est aussi peu accessible aux jeunes lectures, de part son vocabulaire soutenu et plus adapté à des lecteurs adultes, ce qui est dommage, car ce roman pourrait être un très bel enseignement pour les jeunes générations.

Mon avis sur ce roman :

Malgré les difficultés que sa lecture peut présenter dans un premier temps, je pense que ce roman est semblable à un bel et grand arbre Africain, dont les fruits peuvent sembler inaccessibles de part leurs hauteurs, mais qui se révèlent, après avoir fournis un peu d’effort, riche en saveur et en goût. En d’autre terme, je trouve ce roman unique, et brillant de par la plume et l’ingéniosité avec lesquelles il a été rédigé, ainsi que par l’originalité des points de vue variés qu’il aborde.

© OUATTARA Rabiatou (2014)

7.2 MIANO La saison de l’ombre (2014) OUATTARA

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