Tale – HISTOIRE (2), La « Grande Dépression » (1929-1939) : de la crise américaine à la crise mondiale. 

Tale – HISTOIRE (2), La « Grande Dépression » (1929-1939) : de la crise américaine à la crise mondiale. 

                                Commencée par une crise boursière (Vienne, New York, 1929), la « Grande Dépression » (1929-1939) devient une crise systémique mondiale : dès 1930, les principaux pays européens sont touchés, en 1932 le PIB mondial a perdu 17% de sa valeur. C’est la plus importante crise économique du capitalisme. Comment la crise boursière américaine est-elle devenue une crise économique mondiale ? 

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                La crise immobilière (Autriche) puis boursière (1929) est d’abord une crise financière : c’est la place prise par la finance dans l’économie américaine, et la place de l’économie américaine dans le monde qui expliquent la propagation rapide à l’échelle mondiale de la crise de 1929. Le krach boursier de 1929 entraîne une chute de la valeur des actions : entre 1929 et 1932, le Dow Jones qui mesure le marché mobilier au New York Stock Exchange (NYSE) perd 90% de sa valeur. Les banques sont fragilisées : certains investissements boursiers se révèlent insolvables, certains sont frauduleux, les emprunteurs ne peuvent rembourser, les banques elles-mêmes voient la leur valeur boursière dépréciée, le crédit devient rare, les entreprises font faillites, le chômage augmente accentuant la rareté de l’argent en circulation. Pire, les prix s’effondrant, les ménages et les entreprises gardent leurs liquidités, n’ayant pas d’intérêt à le placer dans des institutions financières peu sûres (800 banques font faillites entre 1929 et 1930, plus de 5 000 sur la période 1929-1939) : en conséquence le crédit se raréfie encore plus. La confusion des avoirs entre activité d’affaire et banque de dépôt entraîne aussi la ruine des petits épargnants, leur banque engagée dans des affaires douteuses faisant faillite, les ruinant du même coup ! L’économie américaine entre dans un cercle vicieux que les mécanismes du marché ne peuvent contenir, le retour à l’équilibre s’avérant impossible. Or l’économie américaine joue un rôle central dans l’équilibre financier du monde : elle finance la reconstruction des vaincus de la Première Guerre mondiale, qui payent ainsi leurs réparations de guerre à la France et à la Grande Bretagne, qui payent ainsi leurs dettes aux États-Unis. Le retrait des investissements américains ruine l’Allemagne, qui participe à la ruine de la France, qui accroît la ruine des États-Unis dont les débiteurs ne payent plus ! La facilité avec laquelle la crise se diffuse dans presque toutes les économies mondiales (Le Japon engagé dans la guerre larvée contre la Chine et l’URSS en Mandchourie y échappe) s’explique aussi par l’endettement extrême des économies : les États-Unis connaissent un endettement global (Public et privé) de plus de 350% du PIB ! La moindre secousse dans ce contexte de grande fragilité à des répercussions mondiales.

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                Les réponses des gouvernements sont inefficaces, même si, en dépit d’une absence d’instruments de mesures appropriés, les dirigeants ont perçu rapidement, et parfois par anticipation, les mécanismes de la crise de 1929. Les banques centrales ont perçu tôt le risque d’instabilité monétaire et financier lié à cette intrication des intérêts américains et européens : dès 1924 (Plan DAWES), en 1927, puis avec le Plan YOUNG (1929) de rééchelonnement de la dette allemande, les efforts, sont constants pour essayer de stabiliser le système financier mondial. Mais l’orthodoxie libérale entraîne les élites politiques et économiques à privilégier les solutions déflationnistes (Baisse des salaires, baisses des prix) qui accentuent la crise ! La crise des liquidités américaines devient une crise des liquidités mondiales : en 1930 les crédits mondiaux se sont contractés de 35%, en 1931 de 25%. L’activité manufacturière régresse alors, faute de source de financement : le PIB plonge de 26% aux États-Unis. Le commerce se contracte alors (Mais il ne représente que 9% du PIB). Les métropoles se replient sur la « préférence impériale », obligeant leurs colonies à ne commercer qu’avec elles-mêmes, les régimes totalitaires (Allemagne nazie, Italie fasciste, Russie stalinienne) adoptent des stratégies d’autarcie, les États-Unis et les pays industrialisés font voter des lois protectionnistes (Loi HAMLEY-SMOOT, 1930-1931), entraînant une accélération de la crise. Plus grave, la valeur des monnaies chutent : d’une part parce que la règle en vigueur de caler la valeur des monnaie sur une contre partie en or (Gold Exchange Standard, Conférence de Gênes, 1922) impose une solide santé financière, ce qui n’est plus le cas des États après 1929, ensuite parce que les dirigeants politiques dévaluent leur monnaie pour rendre leurs exportations comparativement moins chères face aux autres monnaies (Dévaluations compétitives). En conséquence les mesures prises par les gouvernements (Dévaluations compétitives, protectionnisme, refus d’injecter des liquidités massives pour sauver les banques, refus de la coopération) aggravent la crise et facilitent sa propagation mondiale. Enfin, la connaissance économique est médiocre : les outils, comme le PIB, par exemple, n’existent pas, les outils de comptabilité publique sont eux aussi rudimentaires.

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                La « Grande Dépression » hante les imaginaires politiques et économiques : cause de l’enracinement des régimes totalitaires et donc de la Guerre (1937-1945) pour les analystes de ROOSEVELT, elle a servi de laboratoire pour lutter contre la crise des subprimes (2008) et des dettes souveraines (2009) et sert pour relancer la machine économique mondiale gravement enrayée par la pandémie de COVID-19 (2020).

© Souleymane ALI YÉRO, Erwan BERTHO & Ronan KOSSOU (2020)

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