COURS A DISTANCE – Première, questions du manuel / Correction

COURS À DISTANCE

Première générale – Géographie

Thème III – « Les espaces ruraux : multifonctionnalité ou fragmentation ? »

Question 7 « La fragmentation des espaces ruraux. »

(8) Multifonctionnalité et fragmentation des espaces ruraux dans le monde.

Question 8 « Affirmation des fonctions non-agricoles et conflits d’usages. »

(9) Les conflits d’usages sur les espaces ruraux.

DOSSIER

« Le Kenya, deux mondes agricoles. »

Question 1

Quels sont les deux grands types d’agriculture qui se côtoient au Kenya ? Relevez leurs principales caractéristiques. 

                Le Kenya, comme beaucoup de pays émergents à faibles revenus, voit se côtoyer deux types d’agriculture : une agriculture traditionnelle, ici orientée vers l’agriculture vivrière dans la moitié sud-ouest du pays et l’élevage extensif de type transhumant dans la partie Nord, et une agriculture commerciale intégrée à l’agro-business mondial spécialisée dans les cultures d’exportation, et notamment l’horticulture et le commerce des roses.

                L’agriculture traditionnelle est le plus souvent familiale et pauvre : les moyens sont rudimentaires, le travail manuel est effectué avec les outils ancestraux comme la houe. Les familles cultivent la pomme de terre, le manioc, le riz, le sorgho, le maïs comme très souvent en Afrique subsaharienne. C’est cette agriculture qui emploie l’essentiel de la main d’œuvre du pays puisqu’au Kenya 75% de la population active est paysanne. Mais les 50% de la valeur des exportations et les 36% du PIB réalisés par l’agriculture sont réalisés par l’autre type d’agriculture présent au Kenya : l’agriculture commerciale, intégrée à l’agro-business mondialisé et orientée vers les cultures d’exportation. L’horticulture des roses n’a rien à envier à l’agro-business des pays de la Triade : serres, transport express vers les entrepôts de conditionnement et expédition dans les trois jours vers les marchés aux fleurs du monde entier, dont le plus ancien et le plus connu d’entre eux, le marché aux fleurs de Rotterdam aux Pays-Bas.

                Les deux types d’agriculture au Kenya sont aux antipodes l’un de l’autre dans tous les domaines : l’un, extensif, employant l’essentiel de la main d’œuvre, ne réussit ni à nourrir la population kenyane ni à retenir les jeunes au village. L’autre, intensif, rapporte presqu’autant (600 millions de dollars / an) que le tourisme (820) et génère le développement de métiers complémentaires non agricoles dans les domaines des intrants (Pesticides, engrais, insecticides) et de la commercialisation.

Question 2

Quelles sont les grandes productions agricoles du Kenya ? Dans quelles régions l’agriculture commerciale se concentre-t-elle ? 

                Les grandes productions agricoles du Kenya sont les productions vivrières ou destinées à l’autoconsommation ou la vente en circuit court pour ce qui concerne l’agriculture familiale : élevage bovin, pomme de terre, manioc, céréales… Mais le Kenya tire son dynamisme agricole des productions commerciales destinées au marché mondial. Le Kenya a été d’abord un grand producteur de palmier et de cocotier, plantations destinées au marché régional animé par les marchands arabes du Yémen et d’Oman. Puis le Kenya a été un des principaux producteurs du thé dont la colonisation britannique a mondialisé la production dans l’empire. Au début des années quatre-vingt, les mauvaises récoltes de Côte d’Ivoire le font entrer dans la culture intensive du café. Mais c’est l’horticulture qui signe l’accélération de l’intégration de l’agriculture kenyane dans la mondialisation néolibérale des économies. L’existence d’une agriculture intensive de productions destinées au marché extérieur n’est donc pas une idée neuve au Kenya.

                Trois grandes régions concentrent l’essentiel de l’agriculture commerciale kenyane : c’est d’abord autour du littoral kenyan de l’Océan indien où se concentre les cultures de Paliers et de cocotiers, autour du centre commercial historique de Malindi et celui très moderne de Mombasa, la gateway du Kenya et dans une large mesure de l’Afrique des Grands Lacs (Ouganda, Rwanda, Burundi, Malawi). La deuxième grande région de concentration des cultures commerciales est la métropole de Nairobi : le lac Naivasha fournit l’eau, la proximité de la capitale politique du pays apporte la densité des routes et la proximité d’un marché urbain riche et mondialisé, la possibilité d’exporter vers le Reste Du Monde (RDM). Le café, le thé et le coton sont localisés sur les rives du lac Victoria, une région de moyenne montagne anciennement peuplée et richement dotée en routes, par ailleurs urbanisée, ce qui fournit à la fois les producteurs et les premiers transformateurs de ces produits, voire les premiers consommateurs.

Outre les raisons bioclimatiques (Altitude, climat, nature des sols) qui expliquent aussi la localisation des régions de cultures commerciales, ce sont les infrastructures de transport à toutes les échelles (Pistes, routes, ports, aéroports) qui permettent de comprendre le mieux la localisation de cultures d’exportation.

Question 3

Comment s’explique le dynamisme du secteur horticole ? 

                Le secteur horticole est l’un des plus dynamiques de l’agriculture kenyane : il génère un chiffre d’affaire de 600 millions de dollars US (US$) soit presque autant que le secteur du tourisme (800 millions US$), occupe 8 millions d’actifs (Emplois directs et indirects), 12% des surfaces agricoles et connaît une croissance de 15% à 20% durant les deux premières décennies des années 2000. Cet « […] exemple réussi d’insertion du Kenya dans la mondialisation […] » (Alain DAUBRESSON, Gérard MAGRIN et Olivier NINOT, Atlas de l’Afrique, 2018, Paris, aux éditions Autrement) est le produit de plusieurs facteurs : d’une part une tradition de cultures commerciales, d’autre part une double ouverture littorale et des conditions bioclimatiques exceptionnelles et enfin une connexion au marché, européen mais aussi national, depuis la libéralisation de l’économie kenyane.

                Le Moyen-âge africain a vu la forte connexion, grâce à l’expansion de l’Islam, des côtes orientales de l’Afrique, avec l’Égypte et son port mondial d’Alexandrie, mais aussi avec « l’Arabie heureuse » (Mer Rouge, Yémen, Oman) et enfin l’Inde. Le café (Exporté dans le monde via le port de Mokka au large du Yémen), l’or, l’ivoire, les esclaves, les huiles des palmiers et des cocotiers étaient des produits d’exportation depuis des siècles quand les Britanniques font du Kenya l’un des centres principaux de la culture du thé, une tradition culturale qui perdure après les indépendances. L’étagement climatique du Kenya et son étalement en latitude lui offrent des conditions bioclimatiques variées, propices à une multiplicité de systèmes agricoles. Le Kenya possède également une double ouverture littorale, d’une part vers l’océan Indien par le port de Mombasa, d’autre part vers la cascade de Grands Lacs qui serpente de l’Ouganda jusqu’en Zambie. Cette double ouverture offre au Kenya des avantages commerciaux rares : une ouverture sur les flux maritimes de la mondialisation et un vaste Hinterland. La libéralisation progressive de l’économie kenyane après le départ de la génération socialiste des indépendances a favorisé l’arrivée d’investisseurs étrangers, essentiellement des Néerlandais, en quête d’une main d’œuvre bon marché. L’existence d’un marché intérieur urbain pour soutenir la demande (« […] légumes, fruits, fleurs et plantes médicinales […] », idem) explique le développement sur le temps long de la filière horticole. Les capitaux sont ceux « […] des investisseurs transnationaux ou kenyans […] » (Ibidem) : mais il paraît aussi évident que ce développement s’opère au détriment des petits paysans expulsés des parcelles sur lesquelles sont mises en cultures ces fleurs « […] Les entreprises floricoles sont soit des unités délocalisées des Pays-Bas à la recherche de coûts de production moins élevés soit des domaines détenus par des investisseurs […] » (Ibidem). C’est l’irruption, en Afrique, d’un modèle longtemps caractéristique de l’Amérique du Sud : la coexistence de grands propriétaires terriens capitalistes sans culture paysanne avec un lumpen prolétariat rural de paysans sans terre servant « d’armée de réserve du capitalisme » en tant qu’ouvriers agricoles.

                Le développement du secteur horticole et en particulier celui de la fleur coupée, et des roses notamment, est l’icône de la réussite économique kenyane. D’autres exemples sont tout aussi intéressants : le Kenya est aujourd’hui leader dans le secteur de la maroquinerie du luxe en Afrique, avec un fort développement sur le marché africain grâce aux ventes par correspondance sur le Net. Pourtant, ces réussites sont parfois fragiles : les roses d’Éthiopie, moins chères (car la main d’œuvre éthiopienne est plus pauvre que la main d’œuvre kenyane mais aussi parce que l’Éthiopie via Djibouti est plus proche des marchés européens), sont de redoutables concurrentes pour les roses kenyanes. Ainsi va la mondialisation qui prend et reprend au gré des opportunités, faisant fi des stratégies de développement mises en place par les pays émergents. Le Kenya, comme beaucoup de pays à l’orientation agricole forte, est aussi soumis aux caprices de la nature : la terrible invasion de sauterelles (2019-2020) a ruiné les producteurs en dépit des efforts de titans déployés par le gouvernement fédéral.

© Souleymane ALI YÉRO, Erwan BERTHO & Ronan KOSSOU (2020).

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