Tale – HISTOIRE (8), Crimes de guerre, violences et crimes de masse, génocide des Juifs et des Tsiganes. 

Tale – HISTOIRE (8), Crimes de guerre, violences et crimes de masse, génocide des Juifs et des Tsiganes.

                La Seconde Guerre mondiale (1939-19145) est une guerre d’anéantissement caractérisée par la forte proportion des civils parmi les victimes de guerre (entre 55% et 65% selon les régions) et par le génocide perpétré par les nazis et leurs alliés contre les juifs et les Tziganes. Commencée en Asie par l’invasion de la Chine du Nord par les armées impériales nippones (Massacre de Nankin, 1937) et poursuivie par l’invasion de la Pologne par les armées nazies (septembre 1939) elle devient véritablement mondiale lors de l’entrée en guerre des États-Unis d’Amérique agressés à Pearl Harbour (7 décembre 1941). Quels sont les visages de cette guerre ? Nous verrons comment cette guerre d’anéantissement se caractérise d’abord par une violence radicale (Ière partie) avant de voir (IIe partie) comment cette volonté d’anéantissement culmine avec le génocide perpétré contre les juifs et les Tziganes d’Europe.

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                La Seconde Guerre mondiale (1937 / septembre 1939-2 septembre 1945) est une guerre d’anéantissement. Son bilan humain effroyable (65 millions de morts) suffit pour s’en convaincre. Elle se caractérise de bout en bout par une violence extrême perpétrée par et à l’encontre des populations civiles et militaires. Cette violence extrême est bien sûr le résultat d’une mobilisation humaine, scientifique et économique hors du commun. Près de 90 millions d’hommes sont mobilisés, dont 35 millions pour la seule URSS. La main d’œuvre est également sollicitée : une importante culture de guerre permet d’embrigader des millions d’ouvriers (30 millions en Allemagne et 55 millions aux États-Unis). Les armes produites sont de plus en plus létales : fusils d’assaut, mines, grenades à main, lance-flammes imaginés durant la Première Guerre mondiale (1914-1919) sont perfectionnés. La fin de la guerre voit l’arrivée des avions à réaction (Messerschmitt Me 262) des fusées balistiques (V1 et V2), des bombardiers lourds (Comme le B17 et ses 10 tonnes de bombes embarquées), et évidemment de la bombe atomique. Les civils sont les premières victimes des combats (42 millions de morts dont 16,5 millions de Chinois) : le bombardement de Dresde (Allemagne, 13-15 février 1945) tue 70,000 personnes, celui d’Hiroshima (Japon, 6 août 1945) en tue près de 100,000 la 1ère semaine, dont plus de 50,000 suite aux radiations, près de 2 millions de femmes allemandes seront victimes de viols lors de l’avancée de l’Armée Rouge (1945-1946) … Les territoires de l’URSS sont particulièrement visés : l’Ukraine perd 33,000 villages, brûlés par la Wehrmacht. La « Guerre à l’Est » atteint des degrés de violence inouïs : les Soviétiques exécutent froidement entre 1939 et 1940 près de 15,000 officiers polonais capturés en 1939, les Nazis laissent mourir de faim près de 3,5 millions de prisonniers soviétiques. Mais l’horreur est présente partout. Les unités nazies rapatriées entre 1943 et 1944 sur le front de l’Ouest y amènent leurs habitudes de guerre : c’est le massacre des « Fosses ardéatines » (Italie, 1943) ou celui du village d’Oradour-sur-Glane (France, 10 juin 1940), dont la population est massacrée par la division Waffen SS Das Reich. En Extrême-Orient les marches à la mort de prisonniers australiens et néo-zélandais orchestrées par les autorités japonaises tuent des milliers de prisonniers, les femmes coréennes sont déportées et contraintes à la prostitution forcée (Scandale des « femmes de réconfort »), les prisonniers chinois et coréens servent de cobayes à des expériences soi-disant scientifiques (Scandale de « l’Unité 731 »). Les marins des navires coulés par les torpilles des sous-marins sont abandonnés à leur sort sur directive des hiérarchies militaires des deux camps. Systématiquement les « lois de la guerre » sont bafouées. Plus que le résultat d’une possibilité technique, plus que le résultat d’une culture de guerre de la « victoire à tous prix », la Seconde Guerre mondiale est une guerre d’anéantissement car elle est une guerre idéologique. Contrairement à la Première Guerre mondiale (1914-1919) qui pouvait encore passer pour une guerre impérialiste, la Seconde Guerre mondiale voit s’affronter des idéologies violemment opposées (La Nazisme contre le bolchévisme, la dictature contre la démocratie) et qui ne voient de salut que dans l’anéantissement de l’ennemi. C’est ainsi par exemple que les nippo-américains sont systématiquement internés dans des camps de concentration après, le plus souvent, avoir été spoliés de leurs biens, parfois conséquents. Mais la guerre d’anéantissement menée par les Alliés (États-Unis, Grande-Bretagne, URSS, Chine, France et leurs alliés), où il s’agit d’anéantir les supports politiques et économiques d’une idéologie abhorrée, ne vise pas l’anéantissement des populations. Pour les Nazis la « Guerre à l’Est » vise à la destruction d’une culture (La culture russe qu’ils jugent trop métissée d’éléments « asiatiques »), d’une idéologie (Le « judéo-bolchévisme », car pour les Nazis le bolchévisme est le paravent des juifs) par la destruction d’un peuple : les slaves. Ainsi le général von REICHENAU, aux troupes de la VIe armée allemande, déclare le 10 octobre 1941 : « […] Le but essentiel de la campagne contre le système judéo-bolchévique est la destruction totale de ses instruments de domination et l’élimination de l’influence asiatique sur la sphère européenne. […] ». Les populations civiles sont pensées comme un simple élément de la machine de guerre : « […] Nous n’apercevons absolument pas d’obligation de nourrir le peuple russe […] » affirme Alfred ROSENBERG deux jours avant le déclenchement de l’invasion de l’URSS (22 juin 1941, Opération Barbarossa). Mais c’est le génocide des juifs et des Tziganes d’Europe qui apparaît comme le paroxysme de l’extrême violence.

                Entre 1939 et 1945 50% de la population juive mondiale et 75% de la population Rom ont été exterminés par les Nazis et la collaboration de leurs alliés. La volonté délibérée de détruire un peuple et sa culture et la réalisation de cette volonté avec le concours de l’État caractérisent le crime de génocide. Plus de 6 millions de juifs européens et de Tziganes (240,000) sont morts pendant la Seconde Guerre mondiale, victimes de génocide (Dont 50% pour la seule année 1942). La répression contre les Tziganes a commencé tôt : en Allemagne dès la conquête du pouvoir par les Nazis (30 janvier 1933, Adolf HITLER Chancelier d’Allemagne) les Tziganes sont victimes de persécution, arrêtés et finalement exécutés par la faim, le surtravail ou les exécutions sommaires. Le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale en Europe (septembre 1939, invasion de la Pologne par les Nazis et les Soviétiques) donne une autre ampleur à la politique d’extermination des juifs et des Tziganes pensée par les Nazis (Mein Kampf. , Adolf HITLER, 1925, Munich). La conquête rapide d’immenses territoires à l’Est (1941-1942) a jeté dans les bras des Nazis des millions de juifs européens (Pologne, Biélorussie, Ukraine, Pays baltes et Russie). L’intention de détruire les juifs (Raoul HILBERG, La destruction des juifs d’Europe. , ) est manifeste : les Einsatzgruppen (Bataillons de gendarmes, de soldats et de policiers encadrés par des membres de la SS) et leurs Sonderkommandos (Compagnies chargées des exécutions de masses) suivent les armées allemandes. Ces unités de tuerie mobiles réalisent ce qu’on nomme la « Shoah par balles » (1,5 millions de morts). Le massacre du ravin de BABI YAR (près de Kiev en Ukraine, URSS, 30 septembre 1941) fait près de 35,000 victimes. Depuis la prise du pouvoir par les Nazis la machine génocidaire s’est progressivement renforcée : la création du RSHA (Office Central de Sécurité du Reich) met entre les mains des fanatiques du régime les instruments de répression. HEYDRICH et HIMMLER commandent l’ensemble des forces de police et d’espionnage du Reich dont la tristement célèbre GESTAPO (Police Secrète d’État). Des hommes obscurs mais zélés (EICHMANN, responsable du service des affaires juives) orchestrent au sein du RSHA l’identification des juifs (septembre 1941, port de l’étoile jaune), l’exclusion des juifs de leurs communautés nationales (Lois de Nuremberg, 1935, lois françaises antijuives dès juillet 1940), puis le ghettoïsation (À Drancy en France après la « Rafle du Vel d’Hiv », 1942), leur déportation (octobre 1941, grâce à la complicité des sociétés nationales de chemin de fer comme la Reichsbahn ou la Société Nationale des Chemins de Fer, SCNF) puis leur exécution dans des « camps de la mort » (Les camps d’extermination de Treblinka, Sobibor, Maidanek, Auschwitz, Chelmno et Belzec). Chaque étape amène son lot de victimes. La vie dans les ghettos est effroyable et ceux de Lublin et de Varsovie (Pologne) sont de véritables mouroirs. Les convoyages en train entraînent souvent des taux de mortalité de plus de 20%, la folie guettant les survivant dans des voyages de près de 10 jours où les morts et les vivants se côtoient au milieu des déjections. À l’arrivée une « sélection » envoie les femmes, les vieillards et tous les enfants immédiatement vers les chambres à gaz. Le Zyklon B, produit et livré par la IG FARBEN (Un conglomérat industriel nazi), y tue des milliers de victimes en quelques minutes. Des détenus sont chargés d’emporter les corps délestés de leurs dents en or et de leurs cheveux vers les crématoriums (Auschwitz) ou les fosses (Treblinka) pour réduire les corps en poussière. Le système de mort industrielle a largement été conçu par Rudolf HÖSS, commandant du camp d’Auschwitz. Les Nazis tiennent particulièrement à la réification des victimes : des cheveux les nazis font des tissus, des cendres du savon. Comme si les juifs ne pouvaient servir que morts. La conférence tenue à Wannsee, dans la banlieue chic de Berlin,  définit les objectifs de la « Solution finale du problème juif », c’est-à-dire l’extermination de la population juive d’Europe. Les populations non-juives sont, la plupart du temps (À l’exception notable du Danemark), passives car le vieux fond antisémite et anti judaïque européen est encore très fort. Les régions européennes de pogroms au XIXe siècle sont celles qui participent le plus au génocide. 97% des juifs lituaniens, 90% des juifs polonais et 75% des juifs tchèques sont morts. Les populations juives ainsi isolées tentent des révoltes (Comme le rapporte Primo LEVI dans Si c’est un homme.) mais sans espoir. En 1943 une centaine de jeunes combattants juifs polonais du ghetto de Varsovie de soulèvent. La répression est impitoyable. La population polonaise n’a pas bougé. En 1944 alors que tout est perdu Auschwitz exécute encore 440,000 victimes. Quand les armées alliées s’approchent des camps les SS emmènent les détenus dans de longues marches qui voient encore des dizaines de milliers de détenus mourir. Seule la fin de la guerre marque la fin du processus d’extermination.

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                Cette guerre d’anéantissement donne naissance à la justice pénale internationale : les dirigeants nazis et les tenants du militarisme japonais sont jugés lors de deux procès internationaux. Le procès de Nuremberg (1945-1946) juge les dirigeants nazis et celui de Tokyo (1946-1948) juge les dirigeants japonais. Pour la première fois des idéologues sont jugés responsables des crimes commis au nom de leurs idées.

© Souleymane ALI YÉRO, Erwan BERTHO & Ronan KOSSOU (2020)

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