Archives de catégorie : Anthologies

Cette catégorie propose deux types d’extraits: des extraits d’œuvres littéraires et des extraits d’essais. D’abord une série d’extraits d’œuvres littéraires majeures (Il s’agit ici essentiellement de romans et de poésies) traitant de problématiques communes à l’Europe et à l’Afrique. La plupart des auteurs retenus sont Africains (D’Afrique ou des diasporas) et l’accent a été mis sur les auteurs récents (Après 1991). On trouvera également dans cette catégorie – avant qu’elle ne soit étoffée et scindée – des extraits d’essais politiques, sans forcément de rapport avec les œuvres littéraires africaines présentées.

ANTHOLOGIE – 2010, Véronique TADJO, Loin de mon père. , « Être métisse, est-ce avoir la mauvaise ou la bonne couleur de peau? »

« Être métisse, est-ce avoir la mauvaise ou la bonne couleur de peau ? »

« […] Un week-end sur deux, Dr Kouadio amenait sa famille au village.
Dès que Nina et sa sœur sortaient se promener, une horde d’enfants courait derrière elles en chantant : « Bôfouè, bôfouè ! « , Même sans parler la langue de la région, elles savaient que les gamins les traitaient de « Blanches ». Du coup, elles évitaient de s’aventurer seules. Par la suite, elles apprirent que ce terme s’adressait également à tous ceux qui s’habillaient à l’européenne Continuer la lecture de ANTHOLOGIE – 2010, Véronique TADJO, Loin de mon père. , « Être métisse, est-ce avoir la mauvaise ou la bonne couleur de peau? »

ANTHOLOGIE – 1975, Édouard GLISSANT, Malemort, « Ce large frappé sans bavures qui plaquait le domino. »

« Ce large frappé sans bavures qui plaquait le domino. »

 « […] (1945) (1946)

 (Double-six ! A l’éclat du coup on reconnaissait la frappe de monsieur Lesprit. Il ne posait pas le domino, il le fracassait. Silacier s’accroupissait – monsieur Lesprit qui ne sait pas que je pousse la pièce mieux que lui – au bas de l’escalier intérieur du Cercle. Une rougeur planait sur le cimetière, derrière, et nimbait l’entour. Seul monsieur Lesprit avait ce large frappé sans bavures qui plaquait le domino sur le centre géométrique de la table Continuer la lecture de ANTHOLOGIE – 1975, Édouard GLISSANT, Malemort, « Ce large frappé sans bavures qui plaquait le domino. »

ANTHOLOGIE – 1957 – Georges BALANDIER – « L’Afrique ambiguë », « Une entreprise de dépossession. »

« Une entreprise de dépossession. »

 « […] À l’occasion d’un court séjour dans une section du Musée de l’Homme, juste avant mon départ pour l’Afrique, j’eus l’occasion d’éprouver ma réticence, presque une répulsion, devant ces collections rassemblées au prix de multiple difficultés afin de composer une image des civilisations exotiques.  Continuer la lecture de ANTHOLOGIE – 1957 – Georges BALANDIER – « L’Afrique ambiguë », « Une entreprise de dépossession. »

MANUEL DE LITTERATURE – Afrique(s), Africain: mythes représentations et légendes. Florent Couao-Zotti, l’enfant aux pieds rouges.

Extrait 2 : mythes et légendes

L’enfant aux pieds rouges (2008)

Florent Couao-Zotti (1964)

 

Biographie de l’auteur :

Florent Couao-Zotti est né en 1964 à Pobé au Bénin. Après des études de lettres à l’Université Nationale du Bénin et une formation d’entrepreneur culturel à Kinshasa et à Angoulême, il s’oriente vers le journalisme comme chroniqueur culturel puis comme rédacteur en chef d’un journal satirique. Il est connu de différentes manières : Enseignant, journaliste, scénariste de bandes dessinées. Cet écrivain talentueux est l’auteur de romans, de nouvelles et de pièces de théâtre

Florent Couao-Zotti est un visionnaire et ses yeux innombrables fouillent avec précision la ville africaine. L’amour y est infini et commande aux hommes les plus grandes folies, à l’image de leurs plus grandes peines. Il est une voix majeure de la littérature africaine actuelle.

« […] Pobè.

La terre rouge. La poussière rouge. Le ciel rouge.

J’avais toujours l’impression que Pobè, depuis qu’il existe, avait été cerné par la couleur rouge comme ailleurs le ciel et la terre sont faits de gris ou de chocolat…

Devant notre maison, ma route filait comme une flèche et allait mourir au pied d’un baobab. Un baobab, un grand arbre au tronc robuste comme dix gaillards réunis, avec des branches qui tendaient leurs feuilles vertes dans le ciel rouge. Cet arbre représentait le cœur du village. C’est sous lui que s’organisait les plus grandes cérémonies liées à la tradition ; c’est sous lui que se jouaient les tam-tams les plus prestigieux. C’est sous lui que se délivraient les bénédictions des grands chefs coutumiers du village.

En ce temps-là, nous aimions gambader le long de la route, les pieds nus, semblables à tous les enfants du quartier qui nous traitaient, mon grand-frère, mes cousins et moi, d’ « enfants d’Oyimbo (blanc) », parce que nous portions tout le temps des chaussures. Pour qu’on échappe à ces insultes, il fallait que nos pieds soient couverts de gerçures, que nos jambes soient nues, que nos ventres soient rebondis ; bref que nous soyons sales, kpotou kpotou, comme des enfants du village, rieurs, coureurs et chieurs. C’est pour cette raison que nous allions nous saupoudrer de terre rouge, de la tête aux pieds, en nous roulant dans la poussière comme de vrais gavroches. Bien sûr, c’était loin du regard de maman, quand elle s’absentait toute la journée pour le service c’est-à-dire quand elle se rendait à l’hôpital maternité de Pobè. Car elle était sage-femme.

Sales et heureux, fiers de ressembler à la terre rouge du village, nous prenions alors d’assaut les rues, à l’heure où le soleil commençait à dorer le ciel, à l’heure où le grand marché commençait à peine à s’animer.

C’était cousin Prosper qui menait la troupe. Il connaissait par le menu les ruelles les plus secrètes du village. Avec lui, le jeudi, jour de repos pour les élèves et les écoliers, avait le goût d’aventures extraordinaires. Il nous avait dit ce matin-là que les eguns eguns allaient sortir.

Les eguns, ce sont les revenants. Des morts qui, du retour de leur séjour, viennent rendre visite à nous, les humains. Ils ont le corps toujours couverts de beaux habits et le visage masqué de petites perles. Difficile de les identifier. D’ailleurs, où a-t-on vu, sous quels cieux a-t-on déjà vu et reconnu un mort ? Si les eguns se manifestent périodiquement en public, c’est qu’ils veulent dire à nous autres, vivants, de continuer de veiller sur eux et de ne jamais cesser de les honorer. Ce sont des êtres sacrés, des voduns, que les gens vénèrent parce qu’ils ont, paraît-il, des pouvoirs puissants.

 

 

Autres œuvres

* Notre pain de chaque jour,   1998

* L’homme dit fou et la mauvaise foi des hommes, 2000

* Notre pain de chaque nuit,  2000.

* Charly en guerre,  2001.

* La diseuse de mal-espérance, 2001

* La Sirène qui embrassait les étoiles,  2003

 

 

Questions :

1. Comment le narrateur et ses amis sont-ils appelés par les petits enfants de Pobé ?

2. En quoi les eguns eguns sont ils représentatifs de la tradition africaine ?

3. Ou se déroule l’action principale ?

4. Pourquoi la terre rouge est une chose importante pour le narrateur?

 

Résumé de l’enfant aux pieds rouge:

« L’enfant aux pieds rouges », est une nouvelle écrite par Florent Couao-Zotti. Trois enfants, cousins, sont, dans leur village, insultés par les autres enfants parce qu’ils portent des chaussures, et les autres enfants non. Pour ressembler aux autres enfants, ces trois-là vont gambader les pieds nus dans la poussière rouge du chemin. Ils le font lorsque leur mère, qui est sage-femme, travaille. Ils veulent ressembler à dehors, à la poussière rouge du village, ils ne sont pas d’accord avec cette mère qui veut,  que des enfants ne portent pas la couleur de dehors. Ces trois enfants veulent suivre Prosper, leur cousin, dans les ruelles les plus secrètes du village, pour aller voir les revenants, ces morts qui veulent dire aux humains de ne jamais cesser de les honorer. La sortie de ces revenants est toujours une fête pour le village. Ce matin-là, le garçon qui, plus tard, fera le récit de cette aventure, saute les marches comme si en bas il allait prendre un trésor qui lui serait destiné, et suit son cousin jusqu’au cœur de la forêt, là où il y a le couvent de ces revenants. En quelque sorte, ils vont violer un secret. Des sons tristes puis un cri se font entendre. Les garçons se cachent. Des buissons, ils voient surgir un jeune garçon poursuivi par des hommes. Ils le plaquent à terre, il doit subir la punition réservée aux curieux qui ont violé un interdit. Car on ne vient pas dans le couvent des revenants sans être initié. Sur son tee-shirt, le jeune garçon porte inscrit : « N’aie pas peur du monde, enfant. » Il urine sur lui de peur, les hommes se moquent de lui. Les garçons en embuscade ont reconnu le grand frère d’un de leur camarade. Ainsi, il a voulu connaître le secret ? Mais il n’a pas pu passer sans accepter l’initiation par les aînés…S’intégrer à la communauté humaine ne peut se faire sans, d’abord, prendre acte de l’existence des aînés, et du passage du temps. Les aînés ne sont pas encore dans l’autre monde, d’où ils reviendraient de temps en temps…Les garçons cachés se font repérer. Quarante coups de fouet marquèrent leurs fesses, et bien sûr ils ne se plaignirent pas à leurs mère car pour eux ces marques les rendaient adultes.

 

Sources :

L’enfant aux pieds rouges. 2008,

Paris, nouvelles issue d’Enfances. Neuf écrivains racontent ou inventent un souvenir d’enfance. , recueil présenté par Jennifer WEINER et préfacé par MABANCKOU, éditions Pocket, collection     « Nouvelles voix », 152 pages, pages 41 à 43.

 

http://www.africultures.com/php/?nav=personne&no=3505

© Synthèse et analyse critique, Audrey ADEHOSSI & Marina TOURÉ (2015, révision 2016)

→ Voir aussi des mêmes auteurs:

de Marina TOURÉ & Audrey ADEHOSSI

ANTHOLOGIES – Les grands textes politiques – Patrice LUMUMBA, 1960, « Discours lors de la cérémonie d’indépendance du Congo. »

« Discours de Patrice Lumumba à la cérémonie de l’indépendance congolaise, le 30 juin 1960. »

Congolais et Congolaises,

Combattants de l’indépendance aujourd’hui victorieux,

Je vous salue au nom du gouvernement congolais, Continuer la lecture de ANTHOLOGIES – Les grands textes politiques – Patrice LUMUMBA, 1960, « Discours lors de la cérémonie d’indépendance du Congo. »