Collège – Cycle 4 – Classe de troisième – Histoire – Brutalisation et fragilisation des sociétés, génocide contre les Arméniens

3e – HISTOIRE – (2) Brutalisation et fragilisation des sociétés, génocide des Arméniens (1915)

LA GUERRE TOTALE MOBILISE LA TOTALITÉ DES RESSOURCES DES PEUPLES ET VISE À DÉTRUIRE TOTALEMENT LE POTENTIEL MILITAIRE DE L’ENNEMI. LA VIOLENCE SUR LES CHAMPS DE BATAILLE EST EXTRÊME ET MARQUE IRRÉMÉDIABLEMENT LES CIVILS VICTIMES DE CES VIOLENCES, MAIS AUSSI LES COMBATTANTS, ACTEURS ET SPECTATEURS DE LA VIOLENCE DE MASSE. 

La Première Guerre mondiale (1914-1919) marque le retour de l’extrême violence sur le champ de bataille. De nouveau les civils forment une part substantielle des victimes. Mais les soldats sont eux aussi les victimes d’une soudaine augmentation de la violence donnée et subie, ce que l’historien MOSSES appelle la « brutalisation », dont le 2e génocide du XXe siècle, le génocide contre les Arméniens, est un terrible exemple. Comment cette brutalisation des combattants a-t-elle en retour fragilisé les sociétés ?

La violence des combats pendant la Première Guerre mondiale est d’abord celle qu’infligent et que subissent les combattants. La guerre de tranchées qui met face à face des armées gigantesques interdit toute humanité. Les bombardements massifs durent des semaines entières, contraignant les soldats à vivre sous un déluge de bombes qui use leur résistance psychologique. Les soldats vivent dans des conditions d’hygiène désastreuses au milieu des corps décomposés et des poux qui ravagent les corps des vivants… La mort est omniprésente : 20 000 tués par jour pendant la bataille de la Somme. À Gallipoli pendant l’opération des Dardanelles des milliers de Néo-Zélandais et d’Australiens meurent de soif entourés des corps en putréfaction de leurs amis. Les nettoyages des tranchées voient les commandos des deux camps s’assassiner à l’arme blanche, les assauts dans les tranchées exiguës se terminent à coups de pioches et de haches. Les blessés sont achevés, les brancardiers abattus par les tireurs d’élite. La violence extrême sur une aussi longue période abruti les combattants. Pour une minorité d’entre eux, la violence devient une drogue. Quand ils reviennent dans leurs foyers, les combattants rapportent avec eux cette violence qui transpire dans le durcissement de la législation, dans la violence politique (Répression contre les Spartakistes, Allemagne, 1918, « communisme de guerre », Russie, 1918-1921, Guerre du Riff, Maroc, 1921-1926) et entraîne la montée des fascismes (Italie 1921, Allemagne 1933).

C’est dans ce contexte de brutalisation des combattants et des sociétés que s’inscrit le génocide perpétré contre les Arméniens (1915) par le gouvernement « Jeunes Turcs » de l’Empire ottoman. Les Arméniens, chrétiens du Caucase intégrés dans l’Empire ottoman à la Renaissance, mais dans le monde musulman depuis le Moyen Âge, sont suspectés de favoriser la victoire des armées russes contre l’armée turque. L’État ottoman excite et organise la violence des populations contre les Arméniens. 1 million d’entre eux périssent dans les conditions atroces : les survivants sont déportés dans le désert syrien et irakien où ils meurent en masse. Les enfants sont adoptés de force dans les familles turques et islamisés. L’Est de l’Empire ottoman connaît une formidable purification ethnique. Les Arméniens sont spoliés de leurs biens ; maisons, entreprises, champs sont donnés à des Turcs. Une minorité privilégiée s’enfuit en Europe de l’Ouest, en France notamment. La violence de la guerre n’explique pas tout : le nationalisme qui marque toutes les sociétés de la « Belle époque » (1896-1914) explique ce déferlement de haine.

L’hyper-violence de masse et de longue durée qui caractérise la Première Guerre mondiale (1914-1919) s’explique par le nationalisme de la « Belle époque » et conduit au génocide contre les Arméniens. Les combattants rapportent cette violence chez eux et cela explique le succès des régimes totalitaires et des fascismes (Italie fasciste, URSS stalinienne et Allemagne nazie) en Europe.

ŒUVRES TÉMOIGNAGES

MOSSE (George Lachmann), De la guerre au totalitarisme, la brutalisation des sociétés européennes, 1990, traduction d’Edith MAGYAR pour Hachette littérature en 2000.

DATES REPÈRES

1915, génocide contre les Arméniens perpétré dans l’Empire ottoman par le gouvernement – 1916 fin du génocide, 75% de la population arménienne est exterminée – 1919 jugement en Turquie des responsables.

PERSONNALITÉS DE PREMIER PLAN

ENVER BEY (Ismaïl), ministre de la Guerre ottoman, responsable du génocide, exécuté par les Soviétiques en 1922.

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