HDA – 2015-2016 – ZENG Liangson, « Drapeau rouge aux cinq étoiles », 1949, Pékin

HISTOIRE DES ARTS – Notices d’Histoire-Géographie

ZENG Liangson, Drapeau rouge aux cinq étoiles, 1949, RPC, Shanghai-Pékin.

« Révolution(s) et tradition(s). »

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FICHE TECHNIQUE

ZENG Liangson, Drapeau rouge aux cinq étoiles, drapeau d’État et Pavillon marchand de la République Populaire de Chine, 27 septembre 1949, Shanghai, Pékin, Conférence Consultative Politique du Peuple Chinois (CCPPC).

DESCRIPTION

Le drapeau d’État de la République Populaire de Chine (RPC) est rectangulaire, de proportions 3 :2, de couleur rouge foncé pour le champ et de cinq étoiles d’or à cinq branches sur le canton du guindant (Quartier supérieur gauche). La plus grande étoile est placée au centre du canton, les quatre autres disposées en arc de cercle, pointe supérieure tournée vers le centre de l’étoile centrale. Les quatre étoiles sont approximativement 6 à 7 fois moins étendues que l’étoile centrale. Les deux couleurs retenues sont traditionnelles en Chine : le rouge, couleur de la révolution socialiste, est une couleur faste, et l’or est la couleur des empereurs, l’ancien drapeau impérial était d’ailleurs jaune en fond. Le chiffre cinq est considéré comme un chiffre faste. L’étoile centrale symbolise le Parti Communiste de la RPC (PCC) et les quatre étoiles satellites désignent les quatre activités qui sont censées structurer le peuple chinois : les prolétaires, les paysans, les artisans et les lettrés.

ANALYSE

Le 1er octobre 1949 MAO Zedong, maître réel de l’appareil politique communiste en Chine, fait hisser le drapeau rouge sur la place de Tien An ‘Men, située en face de l’ancien palais impérial, appelé la « Cité interdite », à Pékin. Victorieux d’une guerre civile atroce (1928-1949) qui l’a opposé au parti Guomindang nationaliste (Réfugié depis à Taïwan, ancienne colonie japonaise), et d’une série de batailles contre les Japonais (1932-1945), MAO est le maître incontesté de la Chine au moment où le drapeau nouvellement adopté est hissé. Soucieux de s’inscrire dans l’histoire de la Chine afin d’asseoir la légitimité du PCC (Transfert de la capitale de Nankin vers l’ancienne capitale impériale de Pékin), mais aussi de s’inscrire dans la lutte mondiale des mouvements communistes contre les régimes capitalistes, MAO fait adopter un drapeau qui allie les couleurs traditionnelles du pouvoir en Chine (Rouge et Or), les symboles du communisme (étoiles et couleur rouge) et ses propres conceptions de la révolutions en Chine (Une société organisée en quatre classes sous la houlette du PCC). Ce drapeau est donc un trait d’union entre le passé de la Chine (La Chine impériale), son présent (Une Chine dirigée par le PCC) et son avenir (Une société équilibrée avec quatre classes sociales complémentaires). Ce drapeau est à la fois un symbole et un programme. MAO renoue avec la politique impériale de sécurisation des frontières : la Corée du Nord, qu’il appuie dans la guerre (1950-1953) est vassalisée, le Tibet annexé (1950) la Mongolie satellisée (1968). Si en 1979 DENG Xiao Ping, successeur de MAO, ouvre progressivement la Chine au capitalisme international (Japon, Corée du Sud, Taïwan, Singapour, Union Européenne et États-Unis d’Amérique) lors de sa politique dite des « quatre modernisations », il ne renonce pas au rôle dirigeant du PCC. La Chine, devenue la patrie du « socialisme de marché », conciliant révolution prolétarienne et capitalisme industriel, reste dirigée par un État fort, interventionniste (La plupart des grandes Firmes Transnationales, FTN, sont publiques), lui-même dominé par un PCC intransigeant. La répression féroce contre les étudiants de la place Tien An ‘Men (1989), la politique d’assimilation forcée des musulmans (Province du Xinjiang) et des Tibétains, la surveillance étroite des Régions autonomes spéciales (Hong Kong et Macao) montrent que le PCC reste le cœur du pouvoir chinois. Devenue le principal des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), la Chine mène une politique impériale en Asie du Sud (Soutien au Sri Lanka) et de l’Est (Revendications sur les îles de Mer de Chine méridionale), lance sa flotte sur les côtes de l’Afrique et finance l’économie endettée des États-Unis, devenant à nouveau « l’Empire du Milieu ».

© ALI YÉRO Souleymane, Erwan BERTHO & Ronan KOSSOU (2015)

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