2de – HISTOIRE (17.1), L’essor de la bourgeoisie marchande en France au XVIIIe siècle. 

2de – HISTOIRE (17.1), L’essor de la bourgeoisie marchande en France au XVIIIe siècle. 

                                Le XVIIIe siècle (1715-1789) marque en France l’essor de la bourgeoisie marchande dans la société d’ordres : parallèlement et parfois concomitamment, le monde de la finance se complexifie et se ramifie et devient un des moteur de l’action étatique et de la croissance économique.

*         *         *

                Le XVIIIe siècle voit l’essor économique de la bourgeoisie marchande, stimulé par l’action de l’État. Le commerce international se développe, dopé par la première vague de conquêtes coloniales (XVIIe siècle) et par le développement et le perfectionnement des flottes, civiles et militaires. Les États s’intéressent alors de près aux entreprises marchandes, attirés par les revenus que peuvent rapporter les grandes compagnies comme la Compagnie Unie des Indes Orientales néerlandaise (VOC, 1602) et l’East India Company britannique (1600). La « Compagnie française pour le commerce des Indes orientales » (1664) est créée par COLBERT, le principal ministre de LOUIS XIV : l’intervention de l’État dans l’économie devient alors une doctrine officielle (Le « colbertisme »). COLBERT fonde, pour la compagnie, la ville de Lorient (1688). Il développe le port de Marseille où la communauté arménienne bénéficie d’avantages fiscaux pour y développer le commerce des cotonnades teintes, les Indiennes. Il créé des manufactures royales, censées permettre de diminuer les importations : c’est la théorie mercantiliste qui veut retenir l’or en France et attirer l’or des pays étrangers grâce au commerce extérieur. Par ailleurs, les ports de la Manche et de la mer du Nord, tournés vers la pêche hauturière (Terre Neuve, le Grand Bancs), fournissent aussi des corsaires (Jean BART à Dunkerque, PLÉVILLE LE PELLEY à Grandville, DUGUAY-TROUIN et SURCOUF de Saint-Malo), dont les prises financent le développement d’activités civiles qui enrichissent les villes du littoral. Nantes et Bordeaux se développent grâce au commerce des esclaves : Nantes devient le principal centre de financement de la déportation des Africains aux Antilles et en Amérique, où ils sont asservis et astreints aux travaux forcés dans les plantations de canne à sucre (Guadeloupe, Martinique). La bourgeoisie s’enrichit aussi dans l’intérieur des terres : elle bénéficie de la croissance démographique, forte aux XVIIe et XVIIIe siècles (De 22 millions d’habitants en 1715, la France passe à 29 millions d’habitants en 1789), du développement des routes et des canaux (Canal du Midi, 1683) et des premiers pas de l’industrialisation en France (Le digesteur, de Denis Papin, 1679, puis son cylindre à piston, 1690). Le développement des sciences et des techniques dont L’Encyclopédie de DIDEROT et d’ALEMBERT (1751-1772) fait la promotion entraîne la création, par exemple, de l’École des Ponts & Chaussées, sous la direction de Jean-Rodolphe PERRONET (1747).

*

                Le XVIIIe siècle voit l’émergence d’une sociabilité spécifiquement bourgeoise, porteuse de valeurs nouvelles. La grande bourgeoisie ambitionne d’intégrer la noblesse de robe ou d’épée par l’achat de terres (Les seigneuries confèrent une part de noblesse), de charges (De magistrats essentiellement) ou de mariages (Les filles richement dotées de la grande bourgeoisie renflouant ainsi les grandes familles nobiliaires lourdement endettées). En revanche, la bourgeoisie d’affaire et marchande moyenne considère de plus en plus sa condition et ses valeurs comme des exemples pour organiser une société juste et saine. Le succès des écrits de ROUSSEAU comme Émile ou de l’Éducation (1762), Julie ou Nouvelle Héloïse (1761), et Du Contrat social (1762) auprès de la bourgeoisie provinciale montre que l’imaginaire bourgeois n’est plus dépendant d’un idéal aristocratique considéré comme enviable par défaut (DARNTON, Le Grand massacre des chats, 1984). Les valeurs bourgeoises privilégient la vie de couple (Et non le libertinage amoureux des nobles de la Cour), des relations fondées sur des sentiments purs (Et non par le désir et l’envie), un nombre réduit d’enfants dont on soigne l’éducation, les valeurs du travail et de l’épargne (À l’opposé des trains de vie dispendieux de la haute noblesse et de l’oisiveté revendiquée par le 2ième ordre !). En parallèle, les savants se penchent sur les questions d’économie et d’agriculture, cherchant des méthodes rationnelles pour améliorer les profits et concourir ainsi au bien commun. François QUESNAY, père des Physiocrates, fait la promotion d’une approche savante de l’agriculture (Tableau économique, 1758). TURGOT applique les théories physiocrates lors de son intendance dans la généralité de Limoges : il fait cadastrer sa généralité, abaisser les impôts, développer les manufactures, dont celle des porcelaines. Dans son Mémoire sur les prêts à intérêt (1769) il récuse la condamnation du prêt par l’Église et milite pour le développement du secteur bancaire : en 1176 il créé la Caisse d’escompte, ancêtre de la banque de France. Ses Lettres sur la liberté du commerce des grains (1770) fait la promotion du libéralisme économique, anticipant ainsi les travaux des économistes comme Adam SMITH (Recherches sur la nature et les causes de la richesse parmi les nations, 1776).

*         *         *

                Le XVIIIe siècle voit l’affirmation de la bourgeoisie : débarrassée du sentiment d’infériorité sociale qui fut sa marque au Moyen-âge, consciente de sa force économique et de la pureté de ses idéaux sociaux et politiques, elle s’affirme dans la sphère publique. En parallèle, le monde de la finance acquiert une place de plus en plus grande dans le fonctionnement de l’État et le dynamisme de l’économie.

© Souleymane ALI YÉRO, Erwan BERTHO & Ronan KOSSOU (2020)

→ Cliquez ci-dessous pour télécharger le document au format Microsoft Office Word :

Seconde_Histoire_17_Les_bourgeoisies_marchandes_&_Finance

Articles complémentaires :

Cliquez ICI pour accéder à l’index de la catégorie “Nouveaux programmes du Lycée (2019)”

Cliquez ICI pour accéder au programme d’Histoire (2019) de la classe de seconde générale.

← Cliquez ICI pour accéder au cours précédent intitulé  » Sciences et techniques au service d’une révolution spirituelle et idéologique. »

Cliquez ICI pour accéder au cours suivant intitulé « L’essor du monde de la finance en France au XVIIIe siècle »

Print Friendly, PDF & Email