Tale – HISTOIRE (9), La France dans la Seconde Guerre mondiale (1939-1945). 

Tale – HISTOIRE (9), La France dans la Seconde Guerre mondiale (1939-1945). 

                                La France est double pendant la Seconde Guerre mondiale : la France de Vichy s’allie aux forces de l’Axe et mène une politique de collaboration d’État qui montre l’adhésion d’une partie des élites françaises aux idéaux de l’extrême-droite moderne, xénophobe, antidémocratique et antisémite. La « France Libre », marginale, se range aux côtés des forces alliées : elle y apporte surtout les richesses en hommes et en matières premières de son empire. Comment comprendre cette fracture au sein des élites et de l’opinion publique françaises ?

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                Alors qu’après écrasé la Pologne (« Drôle de guerre », 1939-1940), la Wehrmacht lance l’offensive à l’Ouest (10 mai 1940), la France a la conviction d’avoir la meilleure armée, et avec la « ligne Maginot », la meilleure défense : en six semaines les Nazis détruisent ces certitudes. Comment comprendre une si soudaine défaite ?

Comment comprendre la défaite ? L’historien Marc Bloch, assassiné par les Nazis, a essayé de mettre des mots sur une incompréhension française : comment la meilleure armée du monde avait-elle pu être si irrémédiablement détruite ? C’est L’Étrange défaite (1940-1946). La France et l’Allemagne nazie ont sensiblement les mêmes effectifs en hommes et en matériel. L’armée belge s’est magnifiquement battue avant d’être abandonnée par les Britanniques et les Français devant le déferlement de la Wehrmacht. L’armée française est surclassée par la conception de la guerre : la blitzkrieg nazi combine des bombardements massifs sur les nœuds de communication, les villes, afin de faire fuir les civils et d’encombrer les routes. De fortes concentrations de blindés aux points de fracture de l’armée française permettent d’obtenir une supériorité matérielle et numérique ponctuelle. L’aviation française, dans laquelle sert le poète SAINT-EXUPÉRY, ne dispose pas assez de chasseurs et le ciel est allemand. Le haut-commandement pense rapidement la guerre perdue. Enfin, les Allemands surgissent dans les Ardennes, une portion mal protégée car jugée impraticable pour les chars. L’hypothèse d’un repli en Afrique du Nord n’est jamais envisagée sérieusement, lors de l’appel à la résistance du 18 juin 1940 via la BBC, le général DE GAULLE est bien peu entouré.

Quelles en sont les conséquences intérieures ? Pour le peuple français confiné dans le pacifisme du « Plus jamais ça ! » après la « Der des Der » (1914-1919), enivré aussi par les discours triomphalistes de l’état-major, la défaite est un choc. Les citadins de Paris et du Nord de la France paniqués se sont jetés en masse sur les routes de France, les nouvelles les plus fantasmatiques circulent : c’est « l’exode ». L’annonce de l’armistice ébranle tout un peuple. Un groupe se forme autour du Maréchal PÉTAIN nommé président du Conseil pour signer l’armistice : une droite xénophobe se coalise autour de lui avec l’état-major (général WEYGAND) pour organiser une « révolution nationale » hostile au « Front populaire » (1936-1938), et favorable à un régime dictatorial. C’est le « régime de Vichy » (1940-1944). Une minorité de politiques s’exile, dont Pierre MENDÈS-FRANCE, arrêté à Casablanca par la police française. Les conditions d’armistice sont dures : l’armée réduite à 100 000 hommes, la zone Nord de la France occupée, l’Alsace et la Moselle sont intégrées au IIIe Reich, la France paye 400 millions de Francs – or par jour pour entretenir l’armée allemande, les 1,5 millions de prisonniers restent captifs en Allemagne.

La défaite qui s’explique par la supériorité stratégique allemande est exploitée par la droite nationaliste pour organiser la mise en place d’un régime dictatorial. Une minorité de dirigeants se réfugie à l’étranger pour résister. L’immense majorité des fonctionnaires et des citoyens fait cependant confiance au Maréchal PÉTAIN.

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Le 18 juin 1940, depuis le radio britannique de la BBC, le général DE GAULLE appelle les Français à la résistance : il rallie progressivement autour de lui des soldats et des jeunes. En France, mouvements politiques et groupes spontanés organisent aussi la continuation de la guerre. Quels sont les projets de la Résistance ?

La résistance est d’abord extérieure et essentiellement militaire. Le général DE GAULLE très isolé est cependant défendu par CHURCHILL qui le soutiendra jusqu’à la fin de la guerre. Des unités, celles évacuées de Norvège d’abord, des personnalités dont le gouverneur du Tchad, Félix ÉBOUÉ, des intellectuels comme Raymond ARON, des fonctionnaires comme Jean MONNET, rallient le général DE GAULLE et forment les Forces Françaises Libres (FFL) et le gouvernement provisoire de la République française (GPRF). Après l’échec de débarquement à Dakar, les FFL s’installent en Afrique Équatoriale Française (AEF) et participent aux combats contre les Fascistes et les Nazis en Libye et en Tunisie (1941-1943). La 2e division blindée du général LECLERC débarque en Normandie (1944) libère Paris. Les FFL sont souvent constituées de forces coloniales : les Marocains du maréchal JUIN libèrent l’Italie (1943-1944, terrible bataille de Monte Cassino) et la Provence (1944-1945) aux côtés des Alliés. Les FFL sauvent l’honneur militaire de la France et lui permettent de figurer au rang des grandes puissances combattantes de la Seconde Guerre mondiale (1939-1945). Des étrangers en fuite, comme les Castillans de la 9e compagnie de blindés qui entre la 1ère dans Paris (1944), sont aussi présents dans les FFL.

Mais la résistance est aussi intérieure (2% des Français, 60 000 déportés, 30 000 fusillés), politique ou militaire selon les organisations. La droite nationaliste et chrétienne (notamment protestante) antiallemande est la première à se mobiliser (Réseau Combat d’Henri FRENAY), communistes et socialistes les rejoignent. Les mouvements de résistance diffusent des tracts, défilent (11 novembre), commettent des attentats contre les forces nazies ou collaborationnistes, assurent l’évasion des prisonniers et leur transfert en sécurité (Espagne ou Angleterre). Après l’invasion de l’URSS (Juillet 1941), le Parti Communiste Français (PCF) entre en résistance active : les FTP sont efficaces dans les actions militaires. La Main d’œuvre Immigrée (FTP-MOI) comme le groupe de Missak MANOUCHIAN (fusillé, 1944) prend une part active à la libération de la France. Les communistes finissent par devenir la plus puissante organisation de résistance. DE GAULLE envoie Jean MOULIN (1942) unifier la résistance : le Conseil National de la Résistance (CNR, 1943) élabore un programme de rénovation politique et sociale (1944) qui donnera naissance à la Sécurité Sociale (1946). Les maquisards, organisés en groupes armés importants, sont néanmoins impuissants contre la Wehrmacht et la Milice, ceux du massif du Vercors (1944) sont exterminés. Les syndicats de la SNCF mènent la « guerre du rail » qui ralentit les renforts vers la Normandie (1944). À la Libération (1944) les résistants sont intégrés à l’armée française et continuent le combat sous l’uniforme.

La résistance intérieure et extérieure fait de la France un pays vainqueur de la Seconde Guerre mondiale, grâce au soutien britannique. Les résistants sont porteurs d’un projet politique qui donne naissance à la démocratique politique et sociale qu’est la IVe République, dont les parlementaires sont à 75% d’anciens résistants.

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Le 16 juin 1940, nommé président du Conseil, le maréchal PÉTAIN annonce aux Français qu’il faut cesser le combat. Le choc de la  défaite est atténué par la présence rassurante du « héros de Verdun », apprécié des anciens combattants, qui sont très nombreux. Quel régime met-il en place ?

Le maréchal PÉTAIN profite de la défaite (juin 1940) pour organiser un coup d’État constitutionnel et se fait remettre les pleins pouvoirs illégalement tandis que certains députés sont emprisonnés (MANDEL) d’autres arrêtés (MENDÈS-FRANCE). PÉTAIN devient « chef de l’État français » : le mot « république » a disparu. Le pouvoir né de la défaite s’installe à Vichy, en « Zone Libre », et organise une « révolution nationale », antirépublicaine, antisémite et antisociale. La personne du Marchal PÉTAIN rallie les Français : c’est le « maréchalisme ». PÉTAIN met en place une politique antisémite (Lois antijuives, 1940) et antisocialiste (Procès des dirigeants du « Front populaire » à Riom, 1942).  Le régime de Vichy supprime la démocratie et les syndicats, favorise les corporatismes (Ordre des médecins) et exalte les valeurs rétrogrades (Femmes au foyer, chef d’État comparé à un père pour ses enfants) ou passéistes (Référence au monde rural, « La terre qui ne ment pas. »). Longtemps occulté dans la mémoire des Français (« Vichy, ce passé qui ne passe pas ! »), Vichy a été étudié par un grand historien américain, Robert PAXTON, dans La France de Vichy (1940-1944), qui montre que le régime a été très actif dans la collaboration avec les Nazis, notamment par la complicité de la police française dans le génocide contre les Juifs français, dont 76 000 sont exécutés à Auschwitz.

Le pouvoir a, dans un premier temps, rallié les suffrages de nombreux pans de la société française : François MITTERAND, futur président de la Ve République (1981-1995), COUVE DE MURVILLE, futur Premier Ministre du général DE GAULLE (1968-1969), sont des hauts fonctionnaires de Vichy jusqu’en 1943. Mais le régime autoritaire et corporatiste est de plus en plus dominé par des Français nazis ou fascistes, ceux que les historiens appellent les « collaborationnistes ». L’occupation par les Nazis de la « Zone Libre » (1942), l’apparition de la faim et du rationnement érodent la popularité d’un régime qui devient isolé. Des intellectuels comme DRIEU LA ROCHELLE ou Robert BRASILLACH, des journaux comme Je suis partout soutiennent le tournant nazi du régime. Le Service du Travail Obligatoire (STO, 1942) envoie des milliers de Français travailler en Allemagne, les résistants sont torturés et exécutés (Massif du Vercors, 1943) par la Milice, une organisation paramilitaire favorable aux Nazis, les Juifs sont déportés (1942). Des Français s’engagent même dans la Waffen SS (Division Charlemagne, 1943). La collaboration a été un marché de dupe : la France n’y a rien gagné, les Nazis n’ont rien concédé. À la Libération (1944), les fidèles de Vichy se réfugient en Allemagne (Château de Sigmaringen) où ils sont arrêtés et jugés.

Lors de « l’Épuration » (1944-1946), les dignitaires de Vichy et de nombreux petits collaborateurs sont jugés et exécutés. Mais la masse des collaborateurs est épargnée. Les Français, honteux, préfèrent penser à la reconstruction. Ainsi naît le mythe, popularisé par DE GAULLE, de la France majoritairement résistante.

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                                La Seconde Guerre mondiale laisse éclater les fractures révélées lors de l’Affaire Dreyfus : l’existence d’une force politique antisémite, antidémocratique et xénophobe. La victoire des Alliés permet le triomphe d’une minorité portée par un idéal politique et social et désireux de fonder une République sociale autant que démocratique : c’est l’expérience que la Ive République conduit.

© Souleymane ALI YÉRO, Erwan BERTHO & Ronan KOSSOU (2020)

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