1ère – GÉOGRAPHIE (9), Fragmentation et conflits d’usages dans les espaces ruraux. 

1ère – GÉOGRAPHIE (9), Fragmentation et conflits d’usages dans les espaces ruraux. 

                                Les espaces ruraux sont soumis à une double pression : les fonctions non-agricoles s’affirment, les terres arables sont grignotées par l’artificialisation des sols. Comment faire face alors que les modes traditionnels d’agriculture et d’élevage relèvent difficilement le défi de créer de la richesse et de retenir les ruraux ?   

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                Les espaces ruraux sont menacés par l’étalement urbain et l’artificialisation des sols consécutifs à l’extension des zones industrielles et des espaces commerciaux. À l’échelle mondiale les terres agricoles ont perdu 5% de leur superficie. La rupture Nord – Sud est assez nette même si elle n’explique pas tout : Dans les Pays Anciennement Industrialisés (PAI), comme la France ou les États-Unis, le recul des surfaces agricoles de plus de 5%, en Scandinavie, moins de 20% de la surface des pays sont consacrés à l’agriculture, près de 5% sont perdus aux États-Unis (Moyenne mondiale). L’urbanisation et l’industrialisation produisent les mêmes effets dans les pays émergents comme l’Iran. Dans les pays du Sud, les espaces agricoles au contraire gagnent du terrain : + de 5% au Brésil, au Sahel, en Indonésie. L’étalement urbain est responsable de l’essentiel de cette contraction mondiale : dans l’UE, aux États-Unis, et dans les BRICS, plus de 10% des terres agricoles perdues le sont au profit de l’étalement urbain. Il s’agit essentiellement du développement à l’échelle mondiale d’un modèle d’organisation des villes qui privilégie l’extension des banlieues pavillonnaires, signe de réussite sociale, de confort et d’une amélioration du cadre de vie. Dans les pays pauvres (Niger, Rwanda, Burundi, Inde) le développement incontrôlé des villes avec la généralisation des bidonvilles en périphérie explique ce phénomène d’étalement urbain.

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                Mais d’autres logiques sont à l’œuvre qui expliquent que les espaces agricoles soient menacés. Au Niger, par exemple, les surfaces agricoles se sont étendues de plus de 5% alors que 20% des terres perdues l’étaient par l’étalement urbain : les espaces agricoles périurbains sont détruits par l’étalement urbain (Banlieue de Niamey), tandis que la croissance démographique forte (Indice de fécondité supérieur à 7,9) entraîne une détérioration des terres arables (Sur-culture, érosion des sols) et une mise en culture des terres de marges, moins productives.  Il s’agit d’un cercle vicieux de perte des parcelles les plus productives par l’étalement urbain et l’érosion, et une extension des terres les moins fertiles et les plus fragiles… C’est la dynamique destructrice décrite par Serge MICHAÏLOF dans Africanistan. L’Afrique en crise va-t-elle se retrouver dans nos banlieues ? (2015, Fayard). C’est celle aussi des fronts pionniers en Chine ou au Brésil (Amazonie). Les régions littorales sont détruites par l’extension des zones industrielles, le tourisme de masse et la construction d’infrastructures hôtelières qui bétonnent le paysage. Enfin, le développement des réserves naturelles et des forêts expliquent aussi le recul des champs : des conflits d’usage peuvent naître de ces nouvelles logiques d’appropriation des espaces ruraux.

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                Les espaces ruraux, naguère définis par l’hégémonie des activités agricoles, sont de plus en plus fragmentés par la multifonctionnalité : la fonction agricole est concurrencée par les fonctions récréatives (Parcs, ski, réserves naturelles), résidentielles (Retraités, jeunes couples, cadres supérieurs), industrielles (Dans les campagnes des Pays en Voie de Développement, PVD, c’est le développement des petites activités de transformations) et commerciales (Dans la Triade). Ces nouvelles fonctions entraînent l’irruption dans le monde rural de nouvelles représentations : dans les Alpes françaises les éleveurs ont du mal à moderniser leur activité laitière et fromagère et se heurtent à la vision naïve que les touristes ont du paysan. Les conflits d’usage se généralisent : dans les PVD le tourisme et l’agriculture intensive destinée au marché mondial monopolisent les points d’eau au détriment des agricultures traditionnelles. C’est le cas au Mali dans la culture du coton financés par des IDE ou des Massaïs du Kenya et de Tanzanie, chassés par l’écotourisme, censé promouvoir un tourisme respectueux … Les paysans ne sont plus les seuls usagers du monde rural et se sentent marginalisés sur leur propre territoire.

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                Les campagnes se remplissent de nouveaux ruraux: les États peuvent protéger leurs paysans et leurs paysages et mettre en place un cadre légal permettant le maintien d’une agriculture familiale et d’orienter les paysans vers la pluriactivité.

© Souleymane ALI YÉRO, Erwan BERTHO & Ronan KOSSOU (2019)

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Articles complémentaires :

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